Rencontre – Jean-Paul Bernigaud affiche 50 ans de carrière : « J’ai travaillé, ce n’était pas le bagne »

Jean-Paul Bernigaud a dit au revoir à Modules Intégrations. Au revoir, pas adieu.

 

Il a 74 ans. Il ne les fait pas. Il serait trop facile de dire que le travail conserve alors que depuis plus de trois mois, l’intersyndicale se bat pour que le gouvernement retire sa réforme des retraites.

Jean-Paul Bernigaud n’est peut-être pas l’exemple à suivre, lui qui affiche 50 ans de carrière au compteur mais ce fils de paysan a pris du plaisir au travail. « Je n’ai jamais fait la même chose » dit-il. « J’ai travaillé mais ce n’était pas le bagne. J’ai vu l’océan pour la première fois à 25 ans » lui qui est né au Rousset en 1949. Depuis 1974, il habite à Saint-Vallier.

 

Sera-t-il paysan ? Tout l’indiquait. Pourtant, se souvient-il, « Il y a 60 ans, en 1963, mon instituteur M. Boisse, qui nous a quittés il y a plus d’ un an maintenant, suggère à mes parents : ce gamin apprend pas trop mal à l’école, il faudrait lui faire apprendre un métier ».

 

Il apprend tout chez Terex et monte sa boîte

 

Et le voilà au Collège d’Enseignement Technique de Montceau pour un CAP de mécanique générale passé en 1966, puis Tournus et le lycée professionnel de Chalon-sur-Saône avec en poche le BTS de bureau d’études en 1971. C’était une autre époque. « Pendant ces 9 ans, j’ai acquis les bases générales, sociales et techniques nécessaires pour une entrée dans la vie active et professionnelle. A l’époque, nous faisions entre 40 h et 48 heures de cours et travaux par semaine, du lundi 8h au samedi 12h, voire 18h, avec le jeudi après-midi de libre…… dans des classes de 35 élèves. Et il n’y avait pas de problèmes de discipline » énonce-t-il. Pendant les vacances scolaires, c’était le travail à la ferme ou chez Gerbe.

Son premier job, il le décroche « par un emploi précaire » précise-t-il, dans l’entreprise de Constant Naulin, charpentier de maisons individuelles sur la commune de Marizy. En 1973, Jean-Paul Bernigaud intègre PPM à Saint-Vallier, concepteur et fabricant de grues mobiles. « Entré comme simple dessinateur, je me retrouve 22 ans plus tard responsable d’une équipe de dessinateurs industriels en charge, en partie, du développement des grues mobiles, engins de 2 à 5 essieux, d’un poids entre 30T et 65T roulant à 85 km/h, avec toutes les homologations requises ». En 22 ans, il a tout appris alors quand Terex rachète PPM, il est volontaire pour un licenciement économique. Jean-Paul Bernigaud voulait créer son entreprise. En septembre 1996 naît la société Modules Associés avec comme acolytes Bernard Lambert et Alain Donet.

 

En 25 ans, Jean-Paul Bernigaud comprend, adapte et s’adapte. « Créer et faire vivre une entreprise est l’école de la persévérance, de la flexibilité, de l’écoute des clients et du personnel, de l’anticipation, être conscient des capacités de l’équipe, lui faire confiance tout en doutant de tout et, surtout, être soutenu par la famille ».

Il sait qu’un bureau d’études ne doit pas être à plus de 50 mètres de l’atelier, qu’un bon client est celui qui revient. Il applique des règles basiques, produire de la qualité, être à l’écoute des clients, éviter les tâches administratives inutiles, en somme, « gérer simplement, en instaurant un climat de confiance ».

Les années qui suivent sont toutefois en dents de scie surtout à partir de 2000 quand « nos principaux clients sont rachetés par des firmes étrangères avec comme conséquence immédiate l’arrêt des activités d’études en sous-traitance (FDI-Sambron racheté par Bobcat, Potain racheté par Manitowoc, Camiva racheté par Magirus, etc. ».

 

Jamais il ne baisse les bras 

 

Il n’est pas question de s’apitoyer sur son sort, alors Jean-Bernigaud rebondit à Vendenesse-sur-Arroux, « même si les banques ne comprennent pas tout » déplore-t-il encore aujourd’hui.  Ceci dit, les projets s’enchainent plutôt bien (clients Razel, Bouygues, Orys, BB Tech, SEM, TMS, PVI, Dupon…)

2008, rebelote, c’est la crise mais l’activité repart rapidement avec les clients traditionnels et des nouveaux. « Nous fabriquons des produits qui sont commercialisés dans de nombreux pays étrangers (Luxembourg, Maroc, Chine, Indonésie, Italie, Algérie, etc.) ».

Mais les planètes ont du mal à s’aligner en 2017. Quatre gros projets tombent  à l’eau. « Pour tenir nous mettons à disposition notre personnel auprès de plusieurs entreprises locales (Augoyard ; CIVM ; TSI). Cela nous laisse le temps de retrouver de nouvelles activités avec nos clients traditionnels ». Et survient le confinement en 2020.

A chaque fois, Jean-Paul Bernigaud fait face. Puis un jour, en août 2020, il fait face à Yves Charles qui reprend  l’activité de Modules Associés par Modules Intégration désormais installée zone Sainte- Elisabeth à Montceau-les-Mines. C’est la passation du savoir-faire et une reprise d’activité. « Cette dernière phase se terminant, pour moi, le 30 novembre 2022, soit exactement 50 ans après mon embauche officielle chez Constant Naulin (1 décembre 1972) ».

La grande boucle est bouclée. Après 50 ans, Jean-Paul Bernigaud n’a toujours pas de plan de carrière. ‘Ces deux derniers mois j’ai coupé 45 stères de bois ». Serait-il définitivement ranger des affaires ? « Si quelqu’un a besoin de moi, je peux toujours le conseiller ». Insatiable, il est insatiable.

 

Jean Bernard

 

 

 

 

 

7 commentaires :

  1. Bonjour Monsieur Bernigaud Jean paul vous avez bien travaillé 50 ans très bien c’est vraiment bien d’avoir la santé et de pouvoir mais je pense que si j’avais la santé j’aurais arrêté à 62 ans car j’aime profité de mes petits enfants et surtout profiter de la vie qui me reste chacun vois midi à sa porte mais de la à passé sur le journal pour dire que vous avez travaillé 50 ans c’est mal placé dans le conteste actuel et à 74 ans j’espère que vous allez un peut profiter de la retraite

  2. Réponse à papy d accord avec vous sans parler politique comment interpréter cet article……..il pourrait aller à la manif demain et parler de son parcours pas compris le sens à donner à ce commentaire…..bonne retraite à 100 a l heure enfin excès de vitesse à 80….. seulement.🐾🐾

  3. Article un peu étrange à la veille de la 11ème journée de manifestation contre la réforme des retraites
    Je pense que si ce monsieur avait travaillé 40 ans en 3×8 sur la  » tôle  » , il aurait été heureux de partir à 62 ans
    Bonne retraite

  4. Bonjour à Monsieur le chat vous dite ne pas comprendre mon commentaire il n’y a rien de comprendre c’est que ce Monsieur a beaucoup de chance d’avoir la santé et comme dit un peu étrange si il avait travaillé en 3×8 pendant 40 ans il aurait sûrement arrêté à 62 ans et faire les manifestations pour dire qu’il a travaillé jusqu’à 74 ans sa m’étonne beaucoup .

  5. Ce monsieur a sans doute du mérite

    Mais ce cas isolé ne peut être une généralité

    Cet article tombe curieusement le jour de la manif

    C’est pas très glorieux

    • Je suis, Lulu, perplexe sur le sens du mot « mérite »
      Si vous avez la chance d »hériter d’un patrimoine génétique performant, d’être né où il fallait, etc, il est normal que, naturellement, vous soyez en capacité de profiter des opportunités qui vont se présenter.
      Par contre, pour ceux qui n’ont pas ces dotations, il ne faut pas 50 ans avant que les professions dans lesquelles ils seront obligés de se cantonner influent sur leur santé….
      Voir les stats INSEE
      La notion d’efforts est tout aussi discutable.
      Le dernier coureur de Tour de France aura fourni fourni pratiquement autant « d’efforts » que le premier, mais comme il est moins performant……

  6. Moi je comprends,  » un sou, y’est’ un sou  » no comment.

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