Rencontre avec Bernard Cazeneuve – La nouvelle force tranquille de la gauche

Bernard Cazeneuve est un homme à la voix posée. Quand il manifeste, il le fait par écrit et vient s’en expliquer ensuite. L’ex-Premier ministre de François Hollande a choisi le Creusot pour éclairer les consciences sur son choix de refonder la gauche. Lui-même n’est plus socialiste depuis l’apparition de la Nupes. Autant dire qu’il ne porte pas Jean-Luc Mélenchon dans son coeur, pas plus d’ailleurs que l’écologiste Sandrine Rousseau et son barbecue symbole de virilité. « Jamais je n’ai été de la gauche qui considère que la police tue ».

La politique, la gauche plus précisément, Bernard Cazeneuve en a une idée très précise. Dans son manifeste lancé début septembre qui a recueilli 5000 signatures, il appelle à libérer la gauche dans une France aujourd’hui « de plus en plus fracturée » où ni une majorité relative et encore moins les extrêmes ne répondent pas aux attentes.

Tout le temps de sa prise de parole au château de la Verrerie où l’a accueilli David Marti, maire du Creusot et président de la CUCM, Mélenchon et la Nupes lui ont servi de fil rouge. D’ailleurs, Guillaume Lacroix, président du Parti radical de gauche, qui a pris place à ses côtés de Bernard Cazeneuve, a enfoncé le clou. « A LFI, il n’y a pas de républicains, cette gauche a déserté l’idée de gouverner, elle a abandonné le peuple, elle a trahi sa responsabilité ».

Bernard Cazeneuve n’a pas perdu le nord

Est-ce que le parti socialiste est mort ? « Je vais à la rencontre de ceux qui veulent faire renaître la gauche. Je crois à la sociale démocratie » exprime l’ancien ministre de l’Intérieur. Alors que se profile le congrès du PS, qu’arrive l’échéance des européennes, « un congrès de la refondation doit avoir lieu, que tous recouvrent leur esprit. Si nous parvenons à tracer ce chemin, alors l’espérance ressuscitera » écartant ainsi la radicalité et les extrêmes qui mènent au chaos. « Qui feraient alliance aux européennes avec Mélenchon et Rousseau ? » interroge-t-il.

Bernard Cazeneuve est résolument de gauche, républicains, humaniste, écologique et européen, fait référence à Jaurès, Blum, et Mendes France, bref, il aurait tout pour plaire mais n’a pas souhaité s’engager à la dernière présidentielle. Aujourd’hui, il ne dit pas oui, il ne dit pas non pour 2027 même s’il espère que son mouvement fera naître « l’élu ». Mais dit-il, « je peux être très utile ».

Son manifeste auquel adhèrent notamment le maire honoraire du Creusot, Camille Dufour (97 ans), Jean-Yves Vernochet, maire de Montchanin et Didier Mathus (ex-député et ancien maire de Montceau-les-Mines) et bien d’autres, a pour but que les différents partis convergent  et recréent les conditions du congrès d’Epinay avec Mitterrand, que naissent de nouveau la crédibilité et l’espérance. « Je ne suis pas obsédé par la présidentielle 2027. Je n’ai aucune addiction à la politique mais des convictions ». Puis il ajoute, laissant planer le doute : « Si je dois apporter le soutien à moi-même, je l’apporterais ».

Bernard Cazeneuve prône une nouvelle gauche, celle qui « défend les valeurs de gauche pas celle qui se compromet » stigmatise Guillaume Lacroix. « Ceux qui se réclament de la gauche aujourd’hui, la piétinent ».

Pour l’auteur du manifeste, « beaucoup de politiques confondent la boussole avec l’anémomètre ». Ils vont dans le sens du vent.

Alors qui adhère à son manifeste, le suive.

Jean Bernard