Communiqué de Femmes Solidaires, comité de Saône-et-Loire.
Aujourd’hui, la pension moyenne perçue par les femmes est inférieure de près de 40 % à celle des hommes. Si l’on tient compte des pensions de réversion et de la majoration pour enfants, la retraite moyenne des femmes est inférieure de 25,2 % à celle des hommes. Un rapport de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Dress) portant sur 2020,
la pension moyenne des femmes est de 1 154 € brut par mois pour les femmes contre 1 931 € brut pour les hommes.
Cet écart est le résultat des inégalités au travail : salaires, carrières interrompues pour congés parentaux, temps partiels, emplois précaires, etc. Il résulte aussi des effets des réformes successives : les femmes ont été les premières pénalisées par l’allongement de la durée de cotisation, l’application de la décote et le report de l’âge légal de départ en retraite.
Même si, d’après le gouvernement, des aidants familiaux, en majorité des femmes, pourront valider des périodes durant lesquelles ils se sont occupés d’un proche, (enfant handicapé, parent dépendant..)
Même si jusqu’à 4 trimestres effectués en congé parental pourront être pris en compte dans le dispositif « carrières longues » commencées avant 20 ans, cela concerne des femmes à 90 %, et devrait permettre à de nombreuses femmes de partir plus tôt,
ce dispositif est loin d’être compensé par les mesures d’accompagnement.
Que dire des millions de femmes pour qui l’allongement de 62 à 64 ans va annuler l’effet positif de la majoration de 8 trimestres par enfant.
L’allongement de la durée de cotisation à 43 annuités va impacter directement les personnes ayant des carrières courtes, qui sont majoritairement des femmes. Ces femmes qui ne parviennent pas à avoir une carrière complète, ne pourront donc pas percevoir les fameux 1200 euros brut par mois mis en avant par le Gouvernement, elles toucheront bien moins !
Enfin, l’âge de départ à la retraite sans décote restera fixé à 67 ans et continuera à concerner bien plus de femmes que d’hommes (19% des femmes contre 10% des hommes).
Cela plongerait davantage les femmes dans la précarité. En effet, plus l’on vieillit, plus augmente le risque d’être au chômage, en arrêt maladie, en invalidité, en contrat court, etc. Les femmes séniores sont moins en activité que les hommes séniors. Une situation qui pourrait encore s’accentuer avec un nouveau report de l’âge de départ à la retraite.
Les femmes ont déjà été les premières pénalisées par la réforme de 1993 passant le calcul des pensions des dix meilleures années aux vingt-cinq meilleures années. Le système de décote et le report antérieur de l’âge légal à 62 ans ont contribué à la dégradation des pensions des retraitées. À cause de cela, les femmes sont davantage concernées par la décote et liquident de
fait leur pension plus tard que les hommes.
À chaque fois que l’on repousse la durée de cotisation requise, elle est toujours moins atteignable pour les femmes, notamment par l’absence de mise en place par les employeurs de l’égalité salariale et professionnelle entre les femmes et les hommes au travail.
N’oublions pas que rendre l’égalité salariale et professionnelle effective, permet non seulement de mettre fin à une injustice flagrante mais aussi de dégager des ressources supplémentaires pour financer le système de retraite. Augmenter les salaires des femmes, à travail égal, au niveau de celui des hommes représenterait plus de 5,5 milliards d’euros par an de recettes
supplémentaires pour financer les retraites !
Cette réforme ne constitue donc pas un progrès pour les femmes, au contraire ! Rien n’est prévu pour permettre de réduire ces inégalités que subissent les femmes et, bien au contraire, tout recul de l’âge de départ et tout allongement de la durée de cotisation ne feront qu’aggraver ces situations d’inégalités. Une nouvelle fois, les femmes vont être plus impactées que les
hommes. L’argument brandi par le Gouvernement d’une plus grande justice pour les femmes n’est donc pas une réalité.