« Je me revois encore, en train de désherber le cimetière… Jamais je n’aurais imaginé succéder à Jérôme Durain au Sénat ».
Et pourtant. Contre toute attente, Paulette Matray, maire de Marigny, une petite commune rurale de 150 habitants, davantage connue pour sa Marche des Soupes ou sa randonnée des Trois Monts, s’apprête à quitter son écharpe de première magistrate… pour siéger au Sénat. Une transition aussi improbable qu’émouvante, prévue pour le mois d’octobre prochain.
Ce basculement inattendu trouve sa source dans la réorganisation politique en cours. L’actuel sénateur de Saône-et-Loire, Jérôme Durain, a été choisi par ses pairs pour succéder à Marie-Guite Dufay à la tête de la région Bourgogne–Franche-Comté, après la démission de cette dernière. Paulette Matray, qui figurait en deuxième position sur la liste sénatoriale de Jérôme Durain, est donc appelée à prendre sa relève à la Haute Assemblée.
« Je pensais qu’il faudrait un problème de santé pour que je sois amenée à le remplacer. Il est bien plus jeune que moi ! » confie-t-elle, un brin amusée. « J’ai 69 ans, je vais en avoir 70 le 29 novembre ».
La condition de sa nomination ? Que Jérôme Durain soit élu à la présidence de Région. Et cela ne fait guère de doute. Paulette Matray sénatrice ? « C’est fait à 99 % « , souffle-t-elle avec prudence. « Pour l’instant, je suis toujours maire », tient-elle à rappeler.
Jusqu’ici, Paulette Matray envisageait une sortie plus douce de la vie publique. Elle comptait terminer son mandat municipal en mars prochain, pour se consacrer à sa famille, notamment à ses petits-enfants. » J’ai été maire pendant plus de vingt ans… Il était temps pour moi de tourner la page ». Mais c’est un autre destin qui l’attend : entre les murs du palais du Luxembourg, édifié au XVIIe siècle par Marie de Médicis, c’est une toute autre dimension du service public qui s’ouvre à elle.
Si certains, en coulisses, ont pu murmurer que cette nomination était » injuste « , elle préfère retenir l’élan de soutien qui l’a portée. » Dans mon entourage, à Marigny ou au conseil communautaire, tout le monde m’a encouragée. On me disait : Allez Paulette, vas-y !”
Et pourquoi n’irait-elle pas, après tout ?
Finir une vie d’engagement politique au Sénat… C’est quand même une très belle manière de tourner la dernière page.
J.B.
