La machine est désormais bien rodée. Avec le Rassemblement national, on ne fait pas dans la dentelle lorsque pointe une campagne électorale. Affiches et tracts répondent au même rituel : Marine Le Pen d’un côté, Jordan Bardella sur l’autre, et, pris entre ces deux visages tutélaires, le candidat local.
Lundi matin, la pluie s’abat sur Louhans. Sur la place de la Charité, le marché peine à prendre forme avec seulement quelques marchands et des clients clairsemés. Sous la halle, pourtant, la scène est bien réglée. Aurélien Dutremble, député et chef du RN en Saône-et-Loire, Valérie Deloge, députée européenne RN et Éric Michoux, député UDR _ ce mouvement d’Éric Ciotti désormais allié à Marine Le Pen _ encadrent Étienne Clerc, le prétendant RN à la mairie de Louhans-Châteaurenaud.
Le jeune homme; dix-neuf ans, est impeccable dans son costume gris. Une silhouette sage, un port sérieux, on croirait voir un Bardella juvénile.
Ce tableau n’est que le premier d’une série que le RN entend déployer dans plusieurs villes de Saône-et-Loire d’ici décembre. Car si Jordan Bardella caracole dans les sondages pour la présidentielle, le parti, avec son maigre réseau d’élus municipaux, rêve encore d’un ancrage territorial digne de ses ambitions nationales. et ravir ensuite des places de sénateurs.
« Si nous voulons gagner les présidentielles, cela passe aussi par les municipales », glisse avec adresse Aurélien Dutremble, profitant du marché pour plaider en faveur d’ une « clarification de l’échiquier politique ». En somme, distinguer ceux qui s’inscrivent dans la mondialisation et l’Europe de ceux qui « sont dans le camp des nationaux, ceux qui aiment la France. L’heure est à la reconstruction ».
À Mâcon, c’est un candidat UDR, Baptiste Delcroix, qui mènera la liste, « un candidat que nous soutenons », précise le député. Aujourd’hui, à Louhans, Étienne Clerc part à la rencontre des Bressans afin de bâtir avec eux un programme dont la sécurité sera la colonne vertébrale.
Attaché parlementaire d’Aurélien Dutremble, le jeune candidat porte déjà l’assurance de ceux qui se voient pousser les ailes de l’ambition. Dans son regard se reflètent les 54 % remportés par Éric Michoux aux dernières législatives, lorsque celui-ci a détrôné la députée sortante du Nouveau Front populaire, Cécile Untermaier.
Mâcon est lancé. Louhans aussi. Où le RN dévoilera t-il la prochaine tête de liste ? » Nous aurons plus de listes que la dernière fois », assure Aurélien Dutremble. Selon nos recherches, il n’y en avait aucune bénéficiant d’un soutien assumé du parti.
On évoque déjà Chalon-sur-Saône, Autun, Le Creusot, Paray-le-Monial où le fils d’André Accary pourrait défendre les couleurs de la droite républicaine et Montceau-les-Mines. Mais sur ce point, Dutremble reste de marbre.
À Montceau, justement, un nom fend la grisaille, celui d’Arnaud Sanvert, ancien député de la 5e circonscription, disparu des radars depuis sa défaite à la législative partielle de mai 2025, remportée par Sébastien Martin, aujourd’hui ministre délégué à l’Industrie. Sanvert, arrivé en tête à Montceau aux deux tours de cette élection, pourrait bien être tenté de revenir sur le devant de la scène. De quoi nourrir des envies, peut-être même des envols.
À Blanzy, Olivier Pernette, bien qu’issu du RN, se présente sous l’étiquette divers droite. « Il n’a pas l’investiture du RN, mais je ne lui mettrai personne en face », promet Dutremble.
Déjà, l’idée de listes RN en Saône-et-Loire donne le vertige à certains adversaires. « Ce n’est pas le nom qui inquiète, ce sont les idées qu’il porte », confient-ils.
Reste à savoir si, cette fois encore, une affiche frappée des visages de Marine Le Pen et Jordan Bardella suffira à installer le RN dans les mairies ?
J.B.
