Eric Meny ne mâche plus ses mots sur la situation politique actuelle à Blanzy. « Avoir deux listes, c’est ridicule ». Le constat est brutal, la majorité municipale se déchire ouvertement et les Blanzynois assistent, médusés, à un spectacle qui ressemble davantage à un règlement de comptes interne qu’à une préparation sereine des élections.
L’arrivée de la liste concurrente, menée par Cyrille Politi, a mis le feu aux poudres. En juin dernier, « nous avions acté au sein du conseil municipal, en présence du maire Hervé Mazurek, de constituer une seule liste », rappelle Christian Grand, qui avait alors annoncé vouloir en prendre la tête. Certains élus avaient donné leur accord, d’autres traînaient, d’autres encore préféraient ne pas repartir. « Il me fallait une réponse avant fin août », précise-t-il, une échéance que plusieurs élus ont ignorée, laissant planer le doute sur leur loyauté.
Au final, Concetta Brenier, Sophie Clément, Alexandre Laurent et Jean-Louis Savetier ont choisi de rallier Cyrille Politi. Un véritable coup de massue pour ceux qui sont restés fidèles à Christian Grand. « Nous avons travaillé ensemble pendant tout le mandat pour le bien des Blanzynois », déplorent d’une même voix Isabelle Demange, Magali Soufflet-Oudin, Karen Delorme, Michel Montmaron, Séverine Girard-Leleu, Eric Meny, Frédérique Lemoine, André Papillon et Marie-Hélène Paret. Tous étaient réunis lundi soir à l’EVA, à l’exception de Jean-Marc Frizot, « au congrès des maires », précise Christian Grand, qui insiste sur la dimension très locale, presque clanique, des municipales, « c’est une affaire de clocher, pas de parti ».
Le candidat de la liste Unis pour Blanzy entend s’appuyer sur le bilan du maire Hervé Mazurek et dévoilera sa liste définitive en février. Mais cette stratégie pourrait être bouleversée à tout moment. Car, malgré la fracture, la porte n’est « pas fermée » à une réunification de dernière minute avec la liste Politi. « Nos programmes seront sensiblement les mêmes », reconnaît Christian Grand. « Nous restons en contact. Nous devions même nous voir ce soir (lundi), mais Cyrille a eu un empêchement », glisse-t-il, comme pour laisser entendre qu’un rapprochement est encore possible… ou que les hésitations continuent.
Reste une question explosive : qui conduirait cette liste unique ? Politi veut être maire de Blanzy. Grand aussi. Deux ambitions, un seul fauteuil, de quoi rendre toute fusion incertaine. « Présenter deux listes va donner des voix à ceux que nous ne voulons pas », avertit Eric Meny, clairement inquiet de voir leur division offrir la victoire à un autre camp.
Pour Frédérique Lemoine et le nouveau venu Frédéric Di Dominico, installé à Blanzy depuis 2000, il n’y a pourtant aucune hésitation, Christian Grand est le candidat qualifié pour occuper le poste de maire.
Mais le ver est dans le fruit depuis longtemps. Malgré six ans de travail commun, la majorité est aujourd’hui fracturée. Les départementales de 2021 avaient déjà créé un choc, lorsque Jean-Marc Frizot (PS), Sophie Clément (soutenue par la majorité départementale) et Jean-Claude Hamon (Pour une gauche sociale et écologique rassemblée) s’étaient affrontés, débouchant sur la victoire inattendue du tandem Clément/Ballot. Une première fissure, devenue aujourd’hui une véritable rupture.
Alors, en mars prochain, pourront-ils encore recoller les morceaux ? Rien n’est moins sûr, les ambitions personnelles semblent désormais plus fortes que l’unité annoncée.
Christian Grand, grand amateur de théâtre, conclut sur cette citation de Molière dans Tartuffe (acte III, scène 1) : On n’exécute pas tout ce qui se propose, et le chemin est long du projet à la chose ».
Vous avez jusqu’à février pour disserter !
