Les deux discours se ressemblent et s’assemblent. Normal, Anne, la fille du docteur Michel Thomas (1), a rappelé combien son père avait de l’admiration et de l’estime pour André Jarrot et Marie-Claude Jarrot, maire de Montceau-les-Mines, soulignait que Michel Thomas avait pris de relais de son père, « avec toutefois une autre tonalité, plus calme, plus analytique, mais tout aussi résolue. Il a su conjuguer héritage et modernité, continuité et innovation ».
Deux femmes dont chaque père a géré la ville de Montceau. André Jarrot et Michel Thomas ont d’abord fonctionné en binôme. Le premier poste du docteur Thomas a été conseiller municipal à l’éducation, lui qui a été premier adjoint, maire, conseiller général, conseiller régional, à la communauté urbaine. « Ce sont 30 ans de sa vie partagée entre sa famille, la médecine et la mairie » indiquait Anne Thomas.
Michel Thomas est né au Havre en 1928, fait ses études de médecines à Paris puis à Dijon, est médecin de guerre en Algérie puis rencontre un chirurgien, un Normand comme lui, installé à Montceau-les-Mines. La ville a besoin d’un radiologue. Michel Thomas arrive, il a 30 ans.
Rendre hommage au docteur Michel Thomas, c’est bien davantage qu’inaugurer une esplanade à son nom, celle d’un homme qui, « toute sa vie aura su mettre en lumière, les zones d’ombre et les fractures de son époque » évoquait madame le maire.
Il a d’abord été un médecin radiologue, un homme du diagnostic, de la précision, de l’observation. « Il savait lire les images du corps humain, mais aussi, avec autant de justesse, celles de la société montcellienne » ajoutait elle. « Et si la radiologie demande de la rigueur, du discernement et une certaine dose de patience, alors oui, tout Montceau peut en témoigner, Michel Thomas possédait ces trois qualités au plus haut degré ».
Sa fille énonça les facettes de son père quand il dut faire face à la fermeture annoncée des mines, imposant action, reconstruction et réalisations. « Dans nos souvenirs d’enfants, cela nous paraissait compliqué avec cette impression de batailles, de combats pour défendre les projets locaux, motiver les équipes ». Des travaux qui paraissaient évidents, la voie express, le choix du TGV, sauver des emplois, soutenir les entreprises, favoriser l’implantation de l’usine Michelin, défendre l’hôpital Jean Bouveri, faire émerger les espaces sportifs, la piscine, le CAR (Embarcadère), le port, le parc Saint-Louis, le golf.
Marie-Claude Jarrot traduisait par : « Il a accompagné les transformations économiques et sociales de Montceau avec la même exigence qu’un radiologue devant son écran, en observant chaque détail, en ajustant chaque décision, en cherchant toujours la meilleure résolution ». Soignant encore ses propos pour témoigner sa certaine idée de l’homme qu’il a été, « fidèle, attentif, sincère, profondément humain ».
Le docteur Michel Thomas fut un citoyen engagé dans la vie locale dont il connaissait toutes les nuances de gris et de lumière. Il y avait chez lui, derrière ce calme apparent, un mélange d’élégance et de conviction. Il avait sa manière à lui d’exercer la politique comme un art du soin : soigner la ville, soigner le lien social, soigner les fractures du quotidien, sans jamais en faire trop, sans jamais en dire trop.
« Aujourd’hui, cette esplanade au Bois du Verne porte son nom. Et c’est une manière pour nous de dire que sa trace demeure, non pas seulement dans la pierre ou la plaque, mais dans la mémoire des Montcelliens, dans le cœur de cette ville qu’il a tant aimée. Et quelque part, il y a une belle cohérence, car après avoir passé sa vie à faire parler les images, le voilà devenu, lui, une image durable de notre mémoire collective » exprimait Marie-Claude Jarrot.
J.B.
(1) : Le docteur Michel Thomas a eu quatre enfants. Anne et Elisabeth étaient présentes à l’inauguration de l’esplanade au nom de leur père. « Nos deux frères sont absents aujourd’hui mais ils partagent pleinement notre émotion » a déclaré Anne.
