Dimanche 31 mars – 16h aux ADJ à Montceau-les-Mines, au piano Guillaume Durand-Piketty. Au programme: BACH : suite anglaise numéro 3 en sol mineur BWV 808, JANACEK : sonate 1.X. 1905 et SCHUBERT : sonate en si bémol majeur D 960.
Guillaume Durand-Piketty évoque avec sensibilité les oeuvres à son programme :
« Ces trois pièces, bien qu’écrites à des périodes différentes et de nature distincte, ont un rapport au temps qui m’a toujours fasciné. En effet c’est comme si le temps s’arrête, ou plus exactement, c’est comme si l’on oublie que le temps passe et que l’on peut alors être pleinement dans le moment présent.
Ces trois compositeurs utilisent des procédés différents : bien que d’une difficulté technique certaine, la troisième suite anglaise n’est pas une oeuvre « virtuose » ou démonstrative, on en vient donc à oublier l’interprète pour être pleinement dans la musique. C’est une suite de danses françaises pour la plupart, or on peut se rappeler que c’est notamment Louis XIV qui dansait sur ce style de musique. A l’époque, la perfection du geste et le contrôle du corps étaient recherchés, ce qui explique la grande noblesse de cette musique. Enfin les suites anglaises se distinguent de leurs homologues françaises par la polyphonie germanique et le développement harmonique qui y sont présents. ils sont chez Bach l’allégorie de la perfection et donc du Divin, ce qui donne d’autant plus de grandeur à l’oeuvre . On notera à ce titre des enharmonies et des modulations très éloignées dans la Sarabande.
Schubert utilise également ces harmonies et ces modulations tout au long de sa dernière sonate, ce qui donne un côté très peu polarisé au niveau de la tonalité ( contrairement à son contemporain Beethoven par exemple ). On a ainsi l’impression de suivre le cours d’une rivière en l’écoutant : ses thèmes voyagent d’un mode à un autre en changeant de couleur, je pense notamment au premier qui est exposé en si majeur puis revient avec une grande nostalgie en ré mineur dans le développement. Bien que Schubert se sache condamné quand il compose cette pièce, en 1828, une profonde sérénité s’en dégage. C’est comme s’il regardait sa vie passée avec une distance. Un oxymores me vient à l’esprit pour décrire cette sonate : lumière triste ; notamment le deuxième mouvement dans lequel le désespoir profond de la première partie est contrasté avec la lumière de la partie centrale qui, peut être, montre son sourire face à la mort.
La “mort “ est le titre du deuxième mouvement de la sonate de Janáček qui la présente très différemment. La thème apparaît exsangue et dans une grande désolation. Ceci se comprend facilement par la genèse de l’oeuvre : il compose à la suite d’une manifestation qui a été réprimée de manière sanglante. On entend bien, dans le premier mouvement, ce contraste entre des éléments presque durs de son, ( qui représentent l’armée et la violence ) et d’autres beaucoup plus lyriques ( les voix des manifestants pacifiques ). Janáček appose même une note à la publication de l’oeuvre en 1924 : « Le marbre blanc des marches du Besednî dūm à Brno. Le manoeuvrier ordinaire František Pavlík tombe, taché de sang. Il venait simplement défendre l’éducation supérieure et a été tué par de cruels meurtriers. »
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