C’est toujours un peu la même histoire, et pourtant jamais tout à fait la même.
Dès qu’un concert s’annonce à l’usine Alliot, on sent comme un frisson dans l’air, un truc qui flotte entre les murs.
Chaque fois, même si l’histoire semble familière, elle ne sent jamais pareil.
Un parfum nouveau, un goût différent… C’est ça qui en fait le charme.
Et juste avant que les amplis ne crachent leurs premières notes, on aime se retrouver_ entre amis _ autour d’un bon morceau de chèvre, d’un bout de saucisson et d’un verre bien rempli de ce que la vigne du coin a fait de mieux.
Une fois posé, calé dans un transat, le cœur en veille, les oreilles grandes ouvertes, on se laisse embarquer. Parfois même transpercer.
Les hanches esquissent un balancement discret, comme un vieux vinyle qu’on connaît par cœur mais qui vibre encore.
Quand Tiger Rose fait pleuvoir ses accords de blues dans le musée du camion, c’est plus qu’un concert, c’est une incantation.
Mig, le guitariste, balance ses notes avec ce petit quelque chose de personnel, comme s’il parlait à chacun dans le creux de l’âme.
Et puis il lâche cette phrase, mi-sourire, mi-avertissement : « Si vous n’aimez pas le blues, prenez un camion et quittez les lieux ». Personne n’a bougé. Personne n’aurait pu.
C’était du vrai blues, brut, sans fioritures.
Comme aurait pu dire Audiard : « C’est du blues, comme les infirmières… y a rien de dessous ». Et c’était exactement ça.
Pas une note de trop. Pas une en moins. Juste du blues, pur et droit dans les bottes.
Tiger Rose, c’est doux dedans, solide dehors.
Une musique qui te serre le cœur et te réchauffe l’âme. Un blues avec une gueule, une âme, une signature.
Comme un dernier baiser à l’été qui s’en va.
Une belle déclaration d’amour, jouée à fleur de peau.
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J.B.
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