Nous l’avions quitté en juillet dernier après son neuvième titre de champion de France dans la catégorie jeu canadien (144 cases). Le damiste montcellien se préparait déjà à l’épreuve du jeu russe (64 cases). Elle a eu lieu ce week-end du 11 novembre à Toulouse en présence de deux grands maîtres russes. Les rois, les empereurs du jeu de dames font toujours figure d’épouvantails. Là où ils passent, les dames trépassent.
A ce championnat de France, Pierre Monnet a brillé une fois encore dans une discipline où les règles sont encore différentes des autres. « Les dames, c’est comme l’athlétisme avec plusieurs épreuves, le 100 mètres, le 800 mètres, les 110 mètres haies » explique-t-il alors qu’il vient en moins de cinq minutes de noircir une grille le mots croisés d’une écriture de médecin indéchiffrable, là ou d’autre mettent un certain temps.
Ce mec parle des dames avec une passion dont peu imagine le degré d’intérêt. Il vient de passer trois jours dans une pièce avec quatorze joueurs _ le haut du volet _ a disputé quatorze parties de deux heures, affronté l’un des deux maîtres russes avec qui il a fait match nul pour, au final, décrocher le titre de champion de France en jeu canadien. « Pour être franc, c’est le Russe qui prend la première place, j’arrive deuxième mais le champion de France, c’est moi » précise Pierre Monnet.
Trois titres dans l’année, une performance unique
Une sacrée performance quand même car le Montcellien réalise le grand chelem en 2019, titré à trois reprises dans trois catégories différentes. « Ce n’est jamais arrivé auparavant » dit-il sans qu’il s’en émeuve pour autant. Pierre Monnet, le Roger Federer des dames.
Il a donc été sacré dans trois épreuves nationales : 64 cases jeu dit brésilien, 144 cases jeu canadien et le 64 cases jeu russe. Au total, Pierre Monnet additionne dix titres de champions de France.
Evidemment, malgré cette carte de visite digne d’un grand pro, son exploit est totalement passé inaperçu en dehors des passionnés des dames. Pour en arriver là, il s’entraîne chez lui avec des bouquins qu’il dévore, « même en russe, l’important c’est de comprendre les combinaisons faites de chiffres et de lettres ». Il analyse les parties des grands maîtres, s’appuie sur les meilleurs logiciels mondiaux en dames. Il y passe des heures et des heures. « On ne devient pas champion par hasard, c’est beaucoup de travail, des sacrifices. C’est 1% de talent et 99% de travail » rappelle-t-il pour ceux qui pensent qu’être un génie se décrète qu’avec une simple prédisposition.
« Je m’estime sportif cérébral de haut niveau ». Il l’est. Depuis 1938, seulement deux autres joueurs ont fait mieux que lui dans le nombre de titres nationaux dont Arnaud Cordier (17).
Dans son domaine et sa passion, Pierre Monnet se sent bien seul. « A titre personnel, j’aimerais mettre en place un projet pédagogique pour la jeunesse » lance-t-il. Entraîneur cérébral, ce serait une belle vision de l’esprit.
Jean Bernard