Montceau – Maxime Manzoli, l’irréductible : une saison de feu pour un miraculé du cyclisme

 

Nous l’avions quitté en avril dernier, alors qu’il s’apprêtait à disputer une manche de la Coupe de France cycliste handisport à Saint-Étienne. Maxime Manzoli revenait alors sur son terrible accident : un choc violent à la tête contre l’arête d’une camionnette. Gravement blessé, il ne lui restait que 0,5 millimètre de moelle épinière. Le verdict : une tétraparésie, forme de paralysie entraînant une forte diminution des capacités musculaires aux quatre membres, causée par une atteinte de la moelle au niveau cervical.

« Je me suis dit : rien n’est écrit. Je me suis battu », confiait-il.

Pour ses deux premières courses, près de Paris, sous les couleurs du club handisport de Seynod (74), Maxime signe deux deuxièmes places. Un début prometteur, le temps de prendre ses marques car il a fallu tout réapprendre, passer du VTT à la route, « dans un nouveau corps », comme il le dit lui-même.

À Saint-Étienne, il vient pour se faire plaisir. Mais il ne vient pas faire de la figuration. Les jambes répondent et les peurs s’effacent, notamment celle de tomber. « J’ai eu un déblocage », reconnaît-il. Résultat, une victoire en catégorie C2.

Le 12 juillet, direction Niort, pour un contre-la-montre. Un seul objectif : 18 km à fond. Et une nouvelle démonstration. Il s’impose, devant le champion de France. Maxime Manzoli est inarrêtable. Il ne roule pas… il vole.

L’été venu, il s’offre une vraie escapade aux Canaries avec pour objectif  de gravir le volcan à vélo. « 57 kilomètres de montée jusqu’à 3000 mètres d’altitude, 5h12 de vélo. Il faisait 37 degrés, j’étais seul… c’était long ». Mais le défi est validé. Il est heureux.

De retour à Montceau, à peine le temps de poser les valises qu’il repart pour la Bretagne. En août, il dispute le challenge Breton UCI International, comptant pour la Coupe de France.

Le 26 août, à Ploëzal (22) : course en ligne de 70 km.  » J’ai roulé en tête toute la course… et je gagne ».

Le 28 août, à Plouay (56) : pluie, orage et conditions dantesques. « Mes années de VTT m’ont aidé », raconte-t-il. Sur les 70 km, « tout le monde a explosé, on finit à trois au sprint. Je prends la 3e place, mais je gagne ma catégorie. J’étais fier de représenter Montceau, la Bourgogne, au milieu des autres nations ».

Le 29 août : repos total. « J’étais cramé. J’ai passé la journée allongé, avec un peu de kiné et un sauna ».

Le 30 août, à Ploërmel (56) : Maxime reste dans les roues. « Tout le monde me surveillait, alors j’ai laissé faire ». Il termine 6e au scratch, mais encore une fois vainqueur dans sa catégorie.

Bilan breton : trois courses, trois victoires, le trophée Breton et le titre de champion de Bretagne. Son club rafle tout avec deux autres coureurs. Maxime est sur une autre planète. « Je ne pensais pas être à ce niveau-là », avoue-t-il, presque surpris.

Désormais lancé comme une fusée, Maxime Manzoli est en passe de remporter la Coupe de France dès sa première participation. Une performance exceptionnelle.

Mais les courses en ligne, les boucles de circuit… ce n’est plus ce qui l’anime vraiment. Ce qu’il aime, ce sont les longues distances, les cyclosportives. En 2026, il vise donc le championnat d’Europe de la discipline, toujours avec son club de Seynod, où il a resigné.

« La longue distance, c’est plus mon truc. Je performe dans ce domaine. Le 1er juin, j’ai gagné La Ventoux (106 km). Je termine devant 60 % de valides, et premier handisport ».

Les performances de Maxime Manzoli sont hors normes.  » Oui, mais je m’entraîne beaucoup, 55 heures par mois ». Et même si sa moelle épinière ne fonctionne plus, « Je ne peux pas courir… mais sur le vélo, ça marche ! »

En attendant, il est en tête du classement général de la Coupe de France, avec encore trois rendez-vous à venir : Landol (56), en septembre, Annecy, « devant ma famille », début octobre et la grande finale à Montlouis (37), à la mi-octobre.

Un parcours exceptionnel, un mental d’acier, et une leçon de vie. Maxime Manzoli ne se contente pas de remonter la pente… il grimpe des sommets.

J.B.

 

 

 

 

 

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