Pergolèse pour la mise en bouche et Ravel en plat de résistance. Le ballet Julien Lestel a offert aux amoureux de la danse contemporaine cette alchimie mystique qui fait vivre une musique et évoluer des corps dans une transmutation du mouvement.
Sur la scène de l’Embarcadère de Montceau-les-Mines, le Stabat Mater de Pergolèse enrobe d’une lumière lugubre les danseurs qui s’imprègnent de la souffrance de Marie lors de la crucifixion de son fils Jésus-Christ. A moins qu’il ne s’agisse du requiem de Giovani Battista Pergolesi que la tuberculose emporta à l’âge de 26 ans.
La souffrance d’une mère devant l’agonie de son fils donne à Julien Lestel la liberté de l’ondulation, de composer une chorégraphie d’une grande pureté. Si la douleur est sublimée par la musique, la dévotion des danseurs ajoute la grandeur à l’oeuvre. L’émotion est là avec délicatesse et tristesse.
Le Boléro de Ravel est lui une musique de ballet. Il enivre avec son crescendo. Dans le Boléro, les danseurs évoluent comme des poissons dans l’eau, mieux il dégage un fumet hispano-arabe qui donne le tournis même aux spectateurs.
Forcément, chacun a en mémoire le Boléro de Ravel par Maurice Béjart dansé par Jorge Donn. Samedi soir, le ballet Julien Lestel a fait honneur au rythme obsédant de Ravel. Une danse virile et empreinte de féminité. Ici, pas de table mais les gestes des jeunes danseurs soucieux d’approcher la perfection du mouvement perpétuel d’un rite érotique.
Jean Bernard