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À Montceau-les-Mines, ce samedi 29 novembre 2025, la ville tout entière semble retenir son souffle. On voudrait pouvoir avancer les aiguilles, filer droit vers ces 15h15 où les 3 000 âmes des Alouettes déferleraient hors du stade, le cœur incandescent, le visage illuminé par un bonheur presque irréel. On les imagine déjà, flânant dans l’allégresse, laissant derrière eux un sillage de mots émerveillés pour raconter la fabuleuse épopée que les Montcelliens auraient tissée sur leur pelouse.
Car qui n’a pas rêvé, ces nuits dernières, d’un FC Montceau Bourgogne _ modeste, valeureux, téméraire _ terrassant au 8e tour de Coupe de France, les professionnels de Montpellier ? Qui n’a pas vu, les yeux clos, ce miracle rouge jaillir du brouillard d’automne ?
Sur 90 minutes, le monde se brouille, les divisions s’effacent. Six catégories d’écart ? Une poussière. À Montceau, on ne compte pas en divisions, on compte en battements de cœur.
Toute la semaine, la tension a monté, goutte à goutte, comme une eau lourde qui gonfle derrière une digue prête à rompre. « L’atmosphère n’est pas la même », confessait Lionel Large, la veille, d’une voix qui trahit autant l’angoisse que la promesse. Vingt-cinq joueurs pour dix-huit élus, vingt-cinq destins suspendus à un souffle, un regard, un geste. Tous ont rêvé de fouler cette pelouse fiévreuse d’un samedi où rien ne serait ordinaire.
Le coach a dû naviguer entre espoirs et renoncements, sachant qu’Isaac Moscato serait trop court, que Stéphane Tchangodéi et Victor Mpindi, suspendus, resteraient au bord du rêve. « Forcément, il y aura des déçus », murmurait-il et dans ce murmure, on entendait la morsure de ceux qui resteront aux portes du conte.
Avec ou sans leurs maîtres à jouer, même privés des passes ciselées de Mpindi ou de l’énergie de Tchangodéi, Montceau sait qu’il faudra plus qu’une bravoure ordinaire. « L’envie ne suffira pas », affirme Lionel Large, tel un capitaine avant la tempête.
Face aux Héraultais terriblement joueurs, il faudra inventer, surprendre, oser la Montceaulution. « Être organisés, resserrés les rangs, être vigilants sur les coups de pied arrêtés », chante presque le coach, comme une prière guerrière. Car il le sait, Montpellier voudra frapper tôt, frapper fort.
Et Montceau ? Montceau devra attendre, patienter, survivre. Les occasions seront rares, précieuses comme des perles au fond d’un puits. « Si on y va, on y va ensemble. Pas question de surjouer. Reste toi-même. Si tu veux briller tout seul… alors t’es déjà mort ».
Plus les minutes s’évaporeront, plus le rêve prendra forme. Plus l’affrontement tardera à se dénouer, plus « ce sera à notre avantage », souffle encore le technicien.
« Je veux que mes joueurs soient fiers, profondément fiers de porter les couleurs de Montceau. Fiers de cette ville. Fiers de ce club. Fiers d’offrir ce moment aux Alouettes ». Puis, avec la faim d’un homme en quête d’impossible, il ajoute, « jouer Montpellier n’est pas une finalité ».
À lui, lors de la causerie, d’alléger la chape invisible pesant sur leurs épaules. Ils savent. Ils sentent. Mais ils sont prêts à aller au-delà, sans se briser.
On ignore encore si Pierre Clément, l’attaquant en feu, marchera ou non sur la pelouse. Mercredi, il a quitté l’entraînement, le mollet serré d’une douleur sourde, là où le tendon murmure ses limites.
Éliminer Montpellier serait l’apothéose d’une moitié de saison déjà presque irréprochable. Ne pas franchir le cap des 32es ne briserait en rien l’ambition de Montceau en championnat.
Mais ce samedi… ah, ce samedi…
Ils sont prêts à embraser les Alouettes, à faire fondre les cœurs, à transformer trois mille voix en une seule clameur rouge.
Un peuple n’attend qu’une chose, prendre feu.
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J.B.
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Le groupe des dix-huit Montcelliens : Kenny Philippe, Chamseddine Otmani, Clément Vaudiot, Morad Merabi, Robin Legris, Hugo Large, Matis Jowiak, Thomas Chotard, Ahmeth Diagne, Pierre-Yves Letienne, Cheikh Ba, Tiémoko Konaté, Pierre Clément (?), Grace Laye, Medhi Soufi, Yanis Beaucaire, Lucas Olivier, Magid Mahla.
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Le groupe du MHSC
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