Il aurait pu souffler un air de vacances, mardi soir au conseil municipal de Montceau-les-Mines. C’est plutôt l’air de la campagne, celle des élections municipales en mars prochain, qui a embaumé le salon d’honneur avec en bruit de fond le climatiseur. Chaleur oblige. Quant à garder la tête froide, c’est une autre histoire.
Cette fois-ci donc, plus aucun doute, dans chaque camp, on va se rendre coup pour coup. Dès que l’occasion se présente, la critique est de mise. Marie-Claude Jarrot, dans ses propos, disons d’avant combat _ pour l’anecdote, il a fallu près de 30 trente minutes pour atteindre le quorum en raison de nombreux conseillers absents (malades, hospitalisés, excusé ou en retard) _ a réglé ses comptes notamment avec Lilian Noirot (excusé) à propos de son refus à la venue de Jean-Marie Bigard. L’humoriste aux propos parfois déplacés, ne sera pas programmé à l’Embarcadère.
A Gauche, à droite, échanges de propos nourris
Pas question de laisser passer une fois encore, les dépenses des réceptions qualifiées par certains d’onéreuses. « Des mensonges » qualifie madame le maire (26 017.88 € en 2017 pour 117 réceptions et 22 236.33 € en 2018 pour 110 réceptions).
Les chiffres, les finances, les budgets, Laurent Selvez aime y mettre son nez et lancer du poil à gratter sous celui de Marie-Claude Jarrot. Loin d’éternuer, la première magistrate, avec toujours ce petit sourire en coin qui laisse présager une réponse encore plus percutante que ne peut l’être l’attaque du conseiller municipal de la gauche rassemblée, se montre intraitable.
Effectivement, les projets de la majorité sont nombreux et les coûts importants. C’est la rénovation de l’éclairage public, dans les 6 M € selon les options, « un projet fort intéressant » note au passage Laurent Selvez, la restructuration du Bois du Verne entre 8 à 9 M €, même chose pour rénover le complexe sportif à Salengro. « Mais l’autofinancement brut de la ville est tombé si bas, qu’il va falloir faire des choix » estime l’opposant numéro un. La ville ne pourra pas tout mener de front, fait-il comprendre.
« Nous n’avons plus le choix, la ville est dans un tel état », comprenez, l’héritage de la précédente majorité et son maire Didier Mathus, son adjoint, Laurent Selvez, « qu’il faut rénover notre ville. Parfois j’ai honte de l’état de certaines de nos structures » lâche, amère, Marie-Claude Jarrot. Quitte à prendre Laurent Selvez pour quelqu’un « qui ne comprend rien entre autorisation de paiement et programme. Nous étalons les dépenses sur de nombreuses années. Rassurez-vous, nous savons compter et monter des dossiers ».
Les dépenses, les recettes, une vraie cuisine indigeste
Le chauffage collectif, à la recherche de nouveaux raccordements, lui aussi prend un coup de chaud. Un nouvel avenant doit permettre de baisser les factures des usagers et la maintenance. Mais faire pression sur les parlementaires pour augmenter la température dans les appartements, passer de 19 à 21/22 dégrés, « c’est une fake news » estime Laurent Selvez. « Pour m’attaquer, vous dites n’importe quoi, des choses absurdes » se défend madame le maire.
Sur ce terrain, Marie-Claude Jarrot se régale et ressort l’histoire de 2014. « Pour des motifs électoraux, des gens n’ont pas reçu de facture et, d’un coup, ils les reçoivent ». Ce sont également des subventions de la Région qui ne sont jamais arrivées, « mais il n’a jamais été question de subventions, m’a certifié le président de la Région de l’époque ». Nous sommes les deux pieds dans la campagne électorale.
Vous en voulez encore ? A son tour Laurent Selvez met les deux pieds dans le plat et il y va franco dès qu’il s’agit du compte administratif 2018 et du budget supplémentaire 2019. « La ville n’a plus les moyens de vos promesses. Vous laissez filer les dépenses et les recettes baissent. Pour la première fois depuis longtemps, vos recettes ne permettent plus de rembourser la dette. Nous assistons à la lente dégradation des comptes administratifs. Et pour le budget supplémentaire, il nous faudra du concert, pas des promesses ».
« C’est une intervention violente » estime Marie-Claude Jarrot qui contre-attaque sur d’autres chemins. Le salaire des employés de la ville. Avant ils étaient mal payés, « alors nous leur avons donné du pouvoir d’achat par les chèques restaurant et une prime de 150 € ».
Une première ébauche de la campagne
Trop de dépenses et pas assez de recettes sont le leitmotiv du conseiller PS. « Nous continuerons à investir et à rembourser avec un professionnalisme plus aiguisé » insiste Jarrot. « Aucun investissement pendant 20 ans » surenchérit Lionel Duparay, adjoint aux finances. Mais d’un autre côté, Laurent Selvez, souffle le chaud et le froid. Trop de dépenses, mais pas assez de personnel notamment aux espaces verts.
La guerre des tranchées est engagée.
Selvez : « En période électorale, vous devrez tenir vos promesses. Vous allez jouer sur l’emprunt, vous mangez vos dernières noisettes. Votre politique nous mène vers de graves difficultés financières. Mais tout va très bien madame la marquise ».
(Laurent Selvez quitte alors la salle du conseil)
Jarrot: « Désolée de vous parler ainsi, vous n’y comprenez rien entre financement, subvention, emprunt, amortissement, provision, vous faites une salade indigeste. La ville était un tel état qu’il fallait absolument trouver des solutions pour réparer, investir. Et je ne suis pas une marquise, restez correct ».
(Laurent Selvez revient)
Gronfier: « C’est très impoli, vous sortez quand on vous répond ».
Il est question encore des « tacots », la flotte des véhicules municipaux qu’il a fallu changer, du cinéma ou des cinémas, du projet de Torcy, ce cinéma communautaire qui a failli voir le jour auquel s’est opposé Marie-Claude Jarrot « et que vous avez soutenu » reproche-t-elle à Laurent Selvez, bref le budget supplémentaire donne l’occasion à chacun de prendre la voie qui lui convient.
Par exemple le projet auquel ont échappé les commerçants quand Didier Mathus voulait installer le centre-ville de l’autre côté du canal. Tout y passe.
Le budget supplémentaire 2019 de 5 367 278.43 € est voté à la majorité. La gauche rassemblée est contre.
Voilà donc un premier filage de ce que nous réserve la campagne des municipales, une première ébauche entre Laurent Selvez et Marie-Claude Jarrot. Les sujets à polémique ne manquent pas. Animées seront les municipales sachant que Lilian Noirot et Eric Commeau restent pour l’heure à distance.
Jean Bernard