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En fin de compte, le conseil municipal de jeudi soir à Montceau-les-Mines _ 85 délibérations au menu, un record local _ a surtout servi à accoucher… d’une souris.
On pouvait espérer quelques étincelles après presque cinq mois sans séance plénière (depuis le 11 juin, tout de même), et à quatre petits mois des municipales. Mais non, le grand théâtre de l’hôtel de ville a plutôt viré à la comédie grinçante.
Laurent Selvez, fidèle à lui-même, a traqué la petite bête comme un entomologiste municipal. Éric Commeau, entre deux rires grinçants, s’est offert quelques envolées agressives. Quant à Isabelle Louis, candidate déclarée à la mairie, elle a semblé flotter dans le décor, laissant ses collègues de l’opposition s’écharper joyeusement.
La soirée aurait pourtant pu tourner au vinaigre pour la majorité de Marie-Claude Jarrot. Trois démissions à gérer, deux conseillers, Sébastien Ratajczak et Marie-Thérèse Frizot, puis, cerise sur le gâteau, Guy Souvigny, adjoint au commerce. Un trio qui quitte le navire en pleine campagne, ça sent un peu le roussi sous les ors de la République locale.
Souvigny, “immense perte” selon certains (et grand soulagement selon d’autres), avait récemment confessé : « Je ne suis pas constamment sur le terrain, mais je rencontre les commerçants. Il faut aussi gérer les fermetures, c’est compliqué. Parfois, nous l’apprenons par la presse ».
Pour Sébastien Ratajczak, il aura suffi de lire le compte-rendu d’audience du tribunal pour comprendre. Quant à Frizot, plus départementale que municipale, elle préfère visiblement la Saône-et-Loire au bassin minier. En apparence, du moins.
Dans ce climat, Éric Commeau s’est offert un petit numéro de tribun, reprochant au maire “un conseil municipal à rallonge pour masquer les problèmes internes de sa majorité”. Et de lâcher, « on a l’impression d’une fin de règne avec une cour qui se déchire, une reine qui n’écoute plus personne ».
Gérard Gronfier, premier adjoint et pompier de service, a tenté de relativiser. « Du temps de Mathus (l’ancien maire), c’était pareil ». Comme quoi, les traditions locales se perdent peu.
Laurent Selvez s’est étonné que la majorité n’ait plus d’adjoints aux finances ni au commerce, tout en rappelant qu’il jugeait leur travail “inutile”. Cohérence, quand tu nous tiens.
Il a quand même eu un mot compatissant pour Souvigny. « J’imagine son désarroi ». Il était le seul, avec Christelle Roux-Amrane, adjointe aux ressources humaines, qui a salué “le travail accompli”. Certains bruits la disent, elle aussi, prête à rendre son tablier.
Réplique immédiate de Marie-Claude Jarrot, aussi sèche qu’un verre vide après le conseil. « Le n’importe quoi, c’est quand l’incompétence se déguise en conviction ». Touché-coulé. Elle désignait surtout Laurent Selvez.
Les opposants, fins stratèges, ont choisi leurs combats. Ils se sont indignés de voir des terrains vendus à des particuliers entre 1 € à certains contre 6 € le m2 à d’autres, mais se sont faits tout petits quand il s’est agi d’un terrain cédé pour 1 € symbolique au Rugby Club Montceau Bourgogne. 400 licenciés, ça fait autant de bulletins potentiels et les municipales, c’est pas du rugby à XV, c’est du calcul mental.
Le clou de la soirée ? La SEML (société d’économie mixte locale), bien sûr.
Marie-Claude Jarrot a annoncé qu’elle laisserait la présidence à Lionel Duparay. Sauf que ledit Duparay va devenir député le 13 novembre, suite à la nomination de Sébastien Martin au ministère de l’Industrie. “Il peut encore, mais plus pour longtemps”, a précisé la maire.
Commeau, hilare, n’en revenait pas. « Vous vous êtes rabibochés ! C’est du grand n’importe quoi. La rumeur dit que vos investisseurs privés vous lâchent… On comprend les démissions !”
Selvez enfonce le clou. “Vous empruntez 650 000 € pour une SEML sans activité en 2024 !” Et Commeau de renchérir, « La Banque des Territoires et la CUCM n’y mettront jamais un sou”.
Réponse, imperturbable, de Marie-Claude Jarrot. « Vous racontez vos histoires. La Banque des Territoires et la CUCM entreront dans la SEM ».
Après une soirée de joutes et de règlements de comptes en public, il ne restait plus qu’à trinquer. Comme dirait un rugbyman philosophe : “Après l’effort, la bière ».
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J.B.
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