Résumer une avalanche de conneries, c’est compliqué. Surtout après la revue de presse de Christophe Alévêque mardi soir à l’Embarcadère à Montceau-les-Mines. Ou alors, il faut être un vieux con moderne, ce que nous sommes tous plus ou moins, peut-être plus que moins, à moins que nous soyons des vieux cons modernes qui s’ignorent.
A vrai dire, la question n’est pas de savoir si nous sommes cons mais de raisonner comme tels donc de tout avaler sans rien dire et d’accepter le conformiste ambiant. Le plus bel exemple est la façon dont le gouvernement a géré la crise sanitaire.
« A 60 ans, pour la covid, t’es vieux et à risque alors que pour la retraite à 60 ans, t’es jeune et en pleine forme ». Comme quoi, Christophe Alévêque ne raconte pas que des conneries même si, dit-il en préambule, « je peux dire n’importe quoi mais c’est parfois dans le n’importe quoi que se cache la vérité ».
L’humoriste de Pouilloux et Parisien à ses heures perdues ou alors c’est l’inverse et après tout, on s’en moque, a fait rire même sur des sujets qui à la télé ne font rigoler personne. « On finit par se rassurer dans l’angoisse » dit-il avec sérieux. Là est le talent de ce personnage mi ange mi démon, autant adulé que méprisé, apprécié ou détesté. Il ne laisse pas indifférent et c’est sur scène qu’il donne toute la mesure de sa connerie qui dérange et déstabilise avec ce brin de lucidité qui ébranle les consciences stéréotypées totalement sclérosées par les avalanches d’informations qui embrument le cerveau. C’est Hippocrate qui disait : « La vie est courte, l’art est long, l’occasion fugitive, l’expérience trompeuse, le jugement difficile ».
Juger Christophe Alévêque serait un blasphème. Ses paroles ne sont pas des actes manqués, il emprunte simplement l’actualité pour la rendre moins rigoriste, moins austère, plus conforme à la réalité avec des mots de tous les jours même si, par moments, ils peuvent heurter nos chastes oreilles. « La couche d’ozone est de retour, elle se ferme l’hiver, s’ouvre l’été, c’est un trou du cul ».
Zemour, le dangereux Taliban infiltré
Il est peut-être un vieux con moderne _ le titre de son dernier livre qui est très précisément, éloge du vieux con moderne _ mais il n’est pas con au point de prendre les gens pour des cons. Ou alors ils aiment ça, sachant quand même que « trop de conneries n’a jamais tué un con ».
Alors perdre 56 milliards avec les sous-marins vendus aux Australiens qui finalement ont préféré la technologie américaine, c’est dans sa bouche très explicite, « on s’est fait niquer ». Qui pense le contraire ?
La politique, le Polliacien de service l’aborde, disons-le, avec parcimonie et même avec modération. Macron, il ne l’aime pas, « quand on épouse sa mère, on arrête sa croissance »; la gauche, « on ne peut même plus se suicider, le gaz a augmenté »; la droite avec Michel Barnier pour ne citer que lui, c’est le mou du genoux; reste les extrêmes, les dangereux, Zemour en tête, Le Pen en second de cordée. « Zemour, c’est un Taliban infiltré passé chez le coiffeur ». Il a tout dit.
Devant 400 personnes à l’Embarcadère, Christophe Alévêque a fait du Christophe Alévêque. Sur la vaccination. « On culpabilise les jeunes, si t’es pas vacciné tu vas tuer ta grand-mère. Tant mieux ! »
Et c’est tant mieux qu’il se soit produit à Montceau-les-Mines où personne n’a voté Macron, personne n’est de gauche ni de droite, où une seule personne admet _ sur 400 _ que son pouvoir d’achat a augmenté mais où tout le monde _ dans la salle _ ou presque, a pris du plaisir à l’écouter. Mais chut, il ne faut pas le dire, on passerait pour un vieux con moderne.
Jean Bernard