Il est bien dommage qu’un artiste comme Aurélien Pontier n’attire que trente-trois spectateurs un dimanche après-midi à l’auditorium des Ateliers du jour.
Aurélien Pontier a joué Liszt, pas les rhapsodies de son pays natal, la Hongrie, mais des transcriptions, des morceaux d’autres compositeurs, Mozart, Wagner, Verdi, Gounod, des oeuvres orchestrales pour piano. C’est toute la difficulté pour un pianiste que de comprendre intellectuellement la transcription de Liszt et l’interpréter avec la vélocité et l’agilité dont a pu faire preuve le compositeur et pianiste virtuose.
Dans ce domaine, Aurélien Pontier atteint une forme de perfection dans l’interprétation des transcriptions de Liszt. Là où il faudrait trois voire quatre mains, les deux mains de Liszt suffisent, celles d’Aurélien Pontier également. La palette sonore est d’une grande richesse. Touché, dextérité, jeu de la pédale, il affirme un jeu, une sensibilité, une intelligence que peu de pianistes, dans les transcriptions, comprennent et rendent musicalement agréable à l’oreille. On comprend mieux pourquoi Aurélien Pontier a remporté le 1er prix à l’unanimité du jury le concours Vladimir Krainev (à Kiev) avec son interprétation du 2e concerto de Rachmaninov.
Franz Liszt est au piano ce que Paganini est au violon.
Après Wagner et Verdi par Liszt, Aurélien Pontier laissa la salle dans une béatitude apaisante en interprétant le largo du concerto numéro 5 de Bach, une transcription du pianiste Alfred Cortot.
Jean Bernard