Quel était le climat en 949 après J.C. dans le vignoble à Montagny ? Qu’importe, depuis le vin blanc de Montagny s’est hissé parmi les tous meilleurs. C’est dire qu’il a su déjouer tous les pièges climatiques et les maladies.
Pourtant, dans les nuits du 5 au 7 avril, une gelée exceptionnelle a grillé pratiquement tous les bourgeons sur l’ensemble de la Bourgogne et même du Jura. Le mal est considérable, la catastrophe inédite par la force et son étendue.
Alors que le préfet s’est rendu vendredi à Solutré-Pouilly, apporté son soutien à la profession, Gille Platret, maire de Chalon-sur-Saône, s’est déplacé ce samedi à Montagny-lès-Buxy, au domaine Stéphane Aladame où l’attendaient plusieurs viticulteurs de la Côte-Chalonnaise.
Le désastre est immense. « 100% des bourgeons sont détruits. Mais il existe encore un espoir, les contre-bourgeons peuvent encore être sauvés (la seconde pousse) », raconte posément Stéphane Aladame.
Ce gel pendant trois nuits arrive une fois tous les cent ans. Car même si chaque année à cette époque, les températures tombent juste en dessous de zéro, cette fois-ci, il a fait très froid, de moins 5 à moins7.
Pour protéger les vignes, les viticulteurs ont allumé des milliers de bougies dans l’espoir de réchauffer l’air, de gagner quelques degrés pou sauver les bourgeons. « A 10 € la bougie qui brûle 8 heure et il en faut au moins 300 à l’hectare, sans compter la main-d’oeuvre, vous imaginez la dépense. J’ai commandé cinq palettes pour 6000 € » explique un viticulteur de Rully. « Dans ces cas-là, on fonce ».
Des efforts, de l’angoisse, qui finalement n’ont servi à rien. Il a fait beaucoup trop froid. En Côte-d’Or, à Puligny-Montrachet ou encore à la Romanée Conti, de grands crus prestigieux, l’hélicoptère a volé au secours des viticulteurs.
Des conditions de production à revoir
A Montagny, « il n’y pas eu une seule bougie d’allumée. Pour des gelées blanches, elles peuvent être efficaces mais là, elles n’ont pas été suffisantes. Il faisait très froid même à 10 mètres du sol » rapporte Stéphane Aladame au milieu de ses vignes.
Même si cette gelée est considérée comme centenaire, chaque année, les viticulteurs sont confrontés également à la grêle, la sécheresse, la canicule. « Il n’y a qu’en 2018 où nous avons réalisé un bon rendement » se souviennent-ils. « C’est un phénomène récurrent dans lequel l’activité humaine a forcément un impact » relève Gilles Platret. « On peut aussi parler de cycles ».
La hausse de la température, se traduit invariablement sur le vin. « Tous les 10 ans, on gagne un degré. On était à 11 degrés en 1980, aujourd’hui, il est à 14 degrés ». Le climat change, « il n’y a que Trump qui n’y croit pas » lâche le viticulteur à Rully. « Le coup de chaud à 25 degrés, il y a un mois, ce n’est pas normal et la semaine prochaine, de nouvelles gelées sont annoncées ».
Autour de la table, il est forcément question des indemnisations et des aides. L’Etat a annoncé un plan d’aide de 250 M € pour la viticulture, « la Région va mettre 15 M € » précise le maire de Chalon.
Baptiste, du Domaine à la Folie à Rully presse la où ça fait mal, les assurances. Pas loin de 40% des viticulteurs en Bourgogne sont assurés. « Nous le faisons pour nos emprunts » dit-il, « sans quoi, combien de domaines auraient mis la clé sous la porte ? » Aider oui, mais ceux qui sont assurés et ceux qui ne le sont pas, le seront-ils de la même manière ? » interpellent les viticulteurs. « Pour 15 hectares, je dépense 20 000 à 25 000 € en assurance ». Alors faut-il changer les règles du jeu ? Rendre l’assurance obligatoire ?
Avec une certaine solennité, les viticulteurs de la Côte-Chalonnaise sont conscients qu’il va falloir modifier les conditions de production, sans doute aussi revenir aux temps ancestraux, c’est-à-dire rechercher des plants perdus qui résistent naturellement et trouver des techniques capables de souffler de l’air chaud dans les vignes. Dans dix ans, quinze ans… Sans doute le prix à payer. Car la viticulture est le poumon économique de la Bourgogne. Une viticulture, pour l’heure, anéantie.
Jean Bernard
Lire par ailleurs le communiqué de Gilles Platret
Ils sont bien gentils ces viticulteurs à vouloir une fois de plus des aides de l’état après ces frimas mais comment faisaient ils avant que l’état (c’est à dire nous le peuple) ne mettions la main à la poche.
Ces soit disant catastrophes climatiques ne sont rien de moins qu’un phénomène météo ordinaire et récurant depuis des siècles alors ne pas vouloir s’assurer c’est jouer à la roulette russe.
Le maitre mot est toujours la rentabilité et au nom du profit on prend tous les risques alors viticulteurs de tout bord cessez de vous lamenter sur votre sort au moindre accroc et prenez vos responsabilités.
Max
Lorsque les profits sont privés, les pertes doivent l’être aussi.
On peut aussi tout socialiser, mais c’est un régime politique différent, celui que déteste la majorité ; alors assumez.
Le gel est un événement naturel que vous subissez, soit, mais lorsque les conditions climatiques sont favorables, une compensation s’opère.