Mont-Saint-Vincent – Sous la pluie douce, l’art fait floraison

Dans la grisaille tamisée d’un ciel d’automne avant l’heure, une pluie fine jouait à s’éclipser sans vraiment partir. Et pourtant, la 38e édition de la Journée des Artistes au village, orchestrée par Les Amis du site de Mont-Saint-Vincent, tenait bon, jonglant avec les caprices du ciel.

Pas simple, pour la douzaine de peintres présents, de glisser un coup de pinceau entre deux perles de pluie, venues s’écraser avec une tendresse presque complice sur les esquisses naissantes. À côté des pastels et des huiles vibrantes, parapluies, parasols et barnums se dressaient comme des totems protecteurs, aussi essentiels que le courage et l’inspiration de ces artistes habités par les lieux. Le thème ? Arts et jardins. Une invitation au rêve enraciné.

Quel bonheur que de poser chevalets et pinceaux dans le jardin du Clos Mesnil, véritable Éden suspendu où la création pouvait s’épanouir librement. Dans ce havre végétal, les songes trouvaient leur place, portés par une lumière feutrée déjà entachée de la mélancolique de l’automne approchant.

Ici, l’art respirait à pleins poumons. La peinture dialoguait avec la musique. Le trio chalonnais « À l’autre bout de la table », mêlant guitare acoustique, voix et vents, offrait un moment suspendu. Leur nom, alors, prenait tout son sens : ils invitaient à l’écoute, à la rencontre, à l’éveil des sens.

Sur la place, une autre émotion. Les Amis du site avaient convié Arnaud Dubarre, artiste pastelliste venu de Limoges, dont la singularité émeut : il peint avec la bouche. Membre de l’Association des Peintres Bouche et Pied (APBP), il prouve avec chaque trait que la volonté transcende les limites. Son geste est lent, précis, habité. Et le résultat ? Éblouissant. Arnaud affectionne les paysages marins _ sa passion _ mais excelle aussi dans les natures mortes et les portraits animaliers. Parfois, même les connaisseurs ne devinent pas la différence.

« J’ai envoyé un tableau au Carrousel du Louvre, sans mentionner ma technique… et j’ai été sélectionné », confie-t-il avec une fierté discrète.

Vingt ans qu’Arnaud Dubarre trace sa voie et vit de son art.