Membre du Parti de la gauche européenne – Section du Bassin minier –
Missak et Mélinée Manouchian entrent au Panthéon : le triomphe d’une certaine idée de la France.
C’est avec une très grande émotion que nous avons appris, par l’intermédiaire du Président de la République, que Missak Manouchian allait faire son entrée au Panthéon en février 2024, accompagnée de son épouse, Mélinée.
Cette annonce vient clôturer un combat de longue haleine menée par l’association Unité laïque, la communauté arménienne et plus généralement par l’ensemble des citoyennes et des citoyens soucieux de défendre les valeurs attachées à la résistance. Je pense également à notre camarade Pierre Ouzoulias, sénateur communiste des Hauts-de-Seine, qui s’est lui aussi battu de toutes ses forces pour que Missak et Mélinée reposent à jamais dans ce haut lieu de notre histoire républicaine.
Pour le Parti communiste français que j’ai l’honneur de représenter, cette décision signifie beaucoup.
D’abord parce qu’elle va permettre l’entrée au Panthéon de deux militants communistes, rescapés du génocide arménien, membres des FTP-MOI, ce qui constitue une première dans notre histoire.
Par cet acte, la République française reconnaît officiellement le rôle important joué par les communistes dans la résistance.
Ensuite, parce Missak et Mélinée Manouchian symbolisent par leurs parcours, leurs idéaux et leur courage une certaine idée de la nation française. Une nation politique composée de citoyens de toutes les origines, réunis par des valeurs républicaines universelles. Une nation ouverte et fraternelle. Une nation aux antipodes de celle des prêcheurs de haine, obsédés par l’origine, la
couleur de la peau et la religion des femmes et des hommes qui la fondent.
Avant son exécution, Missak Manouchian écrivit à Mélinée : « je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la liberté sauront honorer notre mémoire dignement ».
Cette phrase, sublime par sa profondeur, exprime ce moment singulier de fusion entre l’internationalisme et le patriotisme. Venus de loin, exilés dans notre pays, Missak Manouchian et tous ses compagnons d’armes sont tombés pour un idéal universel de justice et de paix. Ils défendaient aussi la France des Lumières, la France de la Révolution et de la Commune. La France qui ouvrait la voie des « jours heureux » du Conseil national de la résistance.
Tout au long de l’année, nous rendrons hommage à Missak et Mélinée Manouchian ainsi qu’à leurs camarades exécutés par les nazis. Nous rappellerons le rôle décisif de ces milliers d’étrangers morts pour la France et auxquels nous devrions remettre, de manière systématique, la mention officielle qui y est associée. Nous rappellerons que ces femmes et ces hommes, tombés sous le
joug de la barbarie fasciste, étaient des sœurs et des frères d’humanité. Nous rappellerons enfin que Missak et Mélinée Manouchian nous ont laissé une mémoire, mais aussi, des valeurs universelles indispensables à la réalisation du bonheur sur terre.
Vive la Résistance,
Vive la République,
Vive la France,
Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, député du Nord