Se débarrasser d’un déchet, ce n’est plus seulement jeter sa canette ou un bout de papier dans une poubelle en se disant que c’est toujours mieux que tout balancer par terre. Aujourd’hui, la démarche est plus vertueuse, il est de bon ton de trier.
Au lycée Claudie Haigneré, il y a bien longtemps qu’a été entrepris une démarche de développement durable. Et cette fois-ci, élèves et enseignants ont poussé le tri du déchet encore un peu plus loin, cherchant ce p’tit truc en plus.
« Dans cet esprit, deux classes de CAP ont choisi d’associer leur savoir-faire pour travailler sur un projet commun intitulé Les ambassadeurs du tri » explique Karen Vallet, professeur de biotechnologies qui a été accompagnée de M. Grégulski, professeur de métallerie et Me Commeau, professeure documentaliste.
L’idée est partie d’un constat alarmant quand les élèves de CAP Agent de Propreté et d’Hygiène ont réalisé un état des lieux des abords de l’établissement. Des déchets, il y en avait partout, au sol ou dans des poubelles sans le moindre tri. « Dans une ère où l’écologie est au centre des préoccupations politiques et où les éco-gestes prennent tout leur sens y compris dans les référentiels d’examens respectifs de nos filières, nous ne pouvions pas fermer les yeux » fait remarquer Karen Vallet.
Mais avant de créer une poubelle de tri et une signalétique adaptée, une phase de concertation avec les élèves, l’équipe de direction et les agents a fait mûrir le projet. Les lycéens ont pris le temps de s’informer en visitant le centre de tri de Torcy, en prenant exemple sur un établissement scolaire du secteur en pointe du développement durable.
Une poubelle esthétique, écologique,
économique et ergonomique
La réalisation de la poubelle de tri « made in Haigneré » a donc été le fruit des réflexions des élèves en APH et ceux en métallerie qui a d’abord débouché sur un prototype en tenant compte des charges imposées par les uns et les autres. Il fallait que cette poubelle soit esthétique, écologique, économique, ergonomique et facilitant le travail des agents d’entretien. Rarement une poubelle n’a été aussi réussie.
Pour l’heure, une série de dix poubelles a été fabriquée. « Il nous a fallu dix tôles (2 m x 1 m) et de la peinture thermolaquage » explique le professeur de métallerie qui dans son atelier dispose de machines numériques très performantes grâce à l’investissement de la Région d’un montant de 200 000 € depuis douze ans. « Nous avons donc réalisé des produits manufacturés au lycée Haigneré qui auraient largement leur place dans un magasin » poursuit-il. A un prix défiant toute concurrence puisque une poubelle revient à 89 €. Seule la peinture a été confiée à un sous-traitant.
L’idéal serait d’installer une poubelle dans chacune des soixante salles du lycée. « Ce projet se poursuivra l’année prochaine en associant d’autres actions de recyclage et de valorisation des déchets » précise Karen Vallet.
Dans ce beau lycée Haigneré comme aime l’appeler le proviseur Pierre Desoutter, chacun pourra contempler cette poubelle « flashy et moderne » dit-il. Même Hervé Mazurek, maire de Blanzy a déjà engagé une réflexion pour éventuellement équiper des bâtiments communaux.
Comment résister à la plus belle des poubelles !
J.B.