Le hasard des rencontres fait bien les choses. Le maire d’Uchon en ce lundi après-midi vient d’assister à des obsèques. Pas de chance, sa voiture est en panne. Plus de batterie. Juste devant la gare d’Etang-sur-Arroux Jean-Marc Dumont profite de notre présence et demande, « vous savez comment on peut se faire inviter pour rencontrer Emmanuel Macron jeudi ? »
Le maire de la commune qui compte un peu plus ou un peu moins de 100 habitants à dix kilomètres d’Etang, n’en démord pas: « J’aimerais bien être invité » répète-t-il. Il a lu la presse et sait que le chef de l’Etat sera là jeudi. « Il vient à l’EPIDE et au gymnase, alors je vais tenter ma chance. Je vais venir avec mon écharpe tricolore ».
Le maire de la petite commune veut faire entendre sa voix, pas celle qu’il a donné à Macron au second tour de la présidentielle (« j’ai voté blanc au premier tour ») pour faire barrage au Front national, « car je ne veux pas qu’il en profite pour faire n’importe quoi ».
Macron, huit jours dans le bois avec la musette…
A Uchon, Jean-Marc Dumont a pris l’habitude de composer avec sa population, « je suis le maire de tout le monde », dit celui qui en 2020 présentera une liste d’ouverture aux municipales.
A Macron, il aimerait bien lui dire qu’il se mette dans la vraie vie, qu’aujourd’hui, on a du mal à vivre. « J’ ai un copain, un ancien, qui me dit, le Macron, tu le mets huit jours dans le bois avec la musette et il verra les choses autrement ». Le maire ajoute, « il (Macron) n’a qu’a descendre dans la rue voir ce qui se passe, des gens qui crèvent de faim ».
Le chef de l’Etat va rencontrer des jeunes. Des jeunes justement, le maire d’Uchon a deux garçons à l’université (cinq enfants au total). « Celui qui est à Grenoble a un copain qui après un bac pro, deux ans d’IUT et une licence a trouvé un boulot à 1300 € par mois. Mon fils qui a 20 ans est dégoûté ».
Roger, un fan de Macron
Emmanuel Macron, le maire d’Uchon ne l’apprécie pas vraiment. « Il ne connaît pas la vie, c’est un jeune président, il doit apprendre ».
Arrive Roger, solide gaillard de 71 ans et auto entrepreneur depuis sa retraite dans le TP. C’est un ami de Jean-Marc Dumont et un pro-Macron. « J’ai voté pour lui, il n’y en a pas un qui est capable comme lui. Il en a dans la tête ». Il ne se plaint pas, il touche 1300 € de retraite, « j’ai travaillé 46 ans ». Macron, c’est son pote. « J’ai commencé le boulot à 14 ans et aujourd’hui, tant que j’ai la santé, je fais du bois, des tranchées ». Un retraité actif.
Un coup de batterie et la voiture du maire d’Uchon repart. Et pourtant, politiquement, ils ne sont pas branchés sur le même courant. A la campagne, c’est l’entraide qui prévaut plus qu’un courant politique.
Jean Bernard