Et rebelote, dès minuit aujourd’hui, le confinement est de retour. Une fois encore la culture trinque. Elle n’est pas la seule. L’Andouille qui renaît de ses cendres, assiste impuissante mais n’en pense pas moins.
Nouvelle d’Automne
Il est un optimiste de nature. Il l’a toujours été même au pire moment de sa vie.
Il l’était, même lorsqu’il a arrêté de travailler en mars 2020.
Malgré tout, il est allé de l’avant en essayant de rassembler les quelques dates et engagements d’été.
Mais maintenant il a du mal à être positif.
Il admet qu’il est amer, déçu, en colère. Tout en sachant que tous ces sentiments ne mènent à rien.
Il ne veut pas s’attarder sur le fait que cette urgence sanitaire n’a fait que faire émerger une crise qui s’étendait déjà en sous-sol depuis de nombreuses années.
À sa grande surprise, des tables de travail infinies au niveau national sont nées, qui ont réuni les disciplines les plus différentes du spectacle.
Des tables qui travaillent sans cesse depuis le confinement pour apporter de nouvelles solutions, comprendre comment modifier le secteur et les règles qui le régissent, en vue de l’urgence, mais surtout dans l’optique d’une révolution interne et durable du secteur et de sa dynamique.
Ils se sont retrouvés dans les parcs, les villes, les rues, les théâtres, sur Zoom, Google Meet, Skype et ils sont descendus sur les places, ils ont protesté et manifesté.
Ils ont écrit et envoyé des lettres, des e-mails, des analyses, des papyrus, des plans de sécurité, des propositions, des demandes signées et contresignées.
Malgré tout, Ils ont créé de nouveaux spectacles, investi du temps et de l’argent, conscients de l’incertitude du futur, avec l’espoir d’un avenir plus radieux.
Ils se sont remis en jeu et ont décidé de prendre des risques de toute façon, le risque est le fondement de leur travail.
Ils ont redonné vie aux festivals et aux rues. Ils ont créé des parcours d’obstacles pour le public qui devait se détourner entre gel désinfectants, température, barrières, panneaux, voies d’entrée et de sortie différenciées.
Ils ont appris à imaginer le sourire des gens derrière les masques.
Ils ont affiné l’ouïe et la vue, en regardant dans le noir du public.
Ils ont inventé de nouveaux langages pour surmonter l’impossible d’interagir physiquement.
Ils ont simplement essayé de survivre dans une mer d’incertitude économique et psychologique et simplement demandé à pouvoir continuer à travailler comme tous les autres travailleurs.
Le résultat ?
La culture n’est pas considérée comme un bien nécessaire, un service essentiel. Ils ne devraient pas reprendre le travail avant de nombreux mois. C’est la seule certitude qui s’ouvre à eux.
Alors ils continueront, reprendront les réunions avec espoir.
Mais le pressentiment d’un avenir meilleur à porter des malles, des chapeaux sur les places publiques semble s’éloigner un peu plus chaque jour.
Ils vont nous manquer… les Artistes
Paroles d’Andouille