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Ils ne l’attendent pas forcément de pied ferme _ encore que _ mais ils auront beaucoup à lui dire. À un jour près, les 8es Journées nationales de France Urbaine, qui se tiennent ce jeudi 16 et vendredi 17 octobre au Creusot, auraient pu se dérouler sans la présence d’un seul membre du gouvernement. Mais grâce à la mobilisation du Parti Socialiste, un compromis a été trouvé, permettant au Premier ministre Sébastien Lecornu de sauver la face. Le PS a conditionné sa participation à un engagement fort, que le gouvernement tienne parole, notamment sur la suspension de la réforme des retraites.
C’est donc Françoise Gatel, ministre de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation, qui représentera ce vendredi matin le gouvernement au Creusot. Elle participera à une séance de travail aux côtés de Johanna Rolland, présidente de France Urbaine, de François de Mazières, trésorier de l’association et David Marti, co-président de la commission Sécurité, avant de s’adresser aux congressistes.
Un temps, la venue de Sébastien Lecornu lui-même a été évoquée. Mais c’est bien la ministre déléguée qui portera la parole de l’exécutif face à des élus locaux déterminés à défendre leurs prérogatives et leurs territoires.
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Des retrouvailles empreintes de souvenirs et de convictions
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La relation entre Johanna Rolland et David Marti remonte à près de vingt ans. Lors d’une conférence de presse tenue jeudi soir à hub & go au Creusot, ils ont évoqué leurs souvenirs communs. En 2003, Johanna Rolland, aujourd’hui maire de Nantes et présidente de Nantes Métropole, débutait sa carrière… ici, au Creusot. Recrutée comme chargée de mission en démocratie participative, elle participait à la rénovation urbaine de quartiers et à la mise en place des premiers conseils de quartiers.
« J’avais pour adjoint à la politique de la ville, David Marti. C’est ici, au Creusot, que je me suis construite professionnellement », rappelle-t-elle.
Si son parcours a été marqué par une ascension rapide, Johanna Rolland a également connu des revers, comme en 2022, lorsqu’elle fut directrice de campagne d’Anne Hidalgo lors de la présidentielle. Un épisode difficile, mais qui ne remet pas en cause son engagement à la tête de France Urbaine, l’association qui représente les grandes villes, métropoles et intercommunalités, soit près de la moitié de la population française.
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La voix des territoires urbains : décentralisation, finances, services publics
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« Ici, au Creusot, c’est la France qui se donne rendez-vous », martèle Johanna Rolland. Et, à la ministre, elle adressera une série de propositions concrètes, à travers ce que France Urbaine appelle désormais « la résolution du Creusot ». Dix priorités y sont formulées, touchant à des enjeux majeurs : finances locales, santé mentale, logement, mobilité… Le message est clair, la décentralisation ne peut être un mot vide de sens.
« 70 % de l’investissement public passe par les collectivités locales. Nous devons absolument préserver cette dynamique public-privé, portée ici par David Marti et la CUCM. Mais en l’état, la situation financière des collectivités est intenable. Ce sera un point de discussion avec la ministre », insiste Johanna Rolland.
Et de rappeler un point de crispation majeur : la suppression de la CVAE, impôt essentiel pour les budgets locaux, partiellement remplacé par la CFE. « Nous n’étions pas favorables à cette suppression. La CVAE représentait 8 milliards d’euros de ressources », souligne-t-elle.
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Des élus locaux à bout de souffle ?
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David Marti, président de la Communauté Urbaine Creusot-Montceau, n’a pas mâché ses mots. Déjà très offensif lors de la réouverture de la mairie de Sanvignes, il fustige une forme d’hypocrisie de l’exécutif. « On nous flatte, vous êtes formidables, puis quinze jours après, tout est oublié. Et on nous accuse de trop dépenser, comme l’ont fait Emmanuel Macron ou Bruno Le Maire en 2024. Eh bien, ça, on ne l’accepte plus ».
Visiblement agacé, il ajoute, « nous allons voter notre budget en décembre… sans savoir quelles seront nos recettes. C’est inacceptable. Nous avons beaucoup à dire à la ministre sur le projet de loi de finances ».
Alors que la bataille budgétaire s’annonce tendue, et sans recours possible au 49.3, les élus urbains entendent bien peser dans le débat national. Faut-il désormais, comme ironisait le président de la République en 2017, recourir à de la « poudre de perlimpinpin » pour construire un budget acceptable pour les Français et les territoires ? Ce vendredi, France Urbaine, forte de ses 107 collectivités, entend démontrer que la réponse est politique, pas magique.
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J.B.




