La crise des Ehpad passe à l’arrière-plan après les attentats et les polémiques qui en naissent. Pourtant le feu est toujours sous la marmite, aucune solution n’a été apportée et on va retrouver les personnels dans la rue bientôt.
On parle toujours des grosses structures, mais dans toute la France il existe de petites structures au travers de nos campagnes.
Eux on ne les entend pas, ils n’ont pas souvent les moyens de montrer leurs problèmes et leurs souffrances. Il nous est apparu important d’aller voir.
Nous sommes donc allés à la rencontre d’un petit Ehpad bien sympathique à Joncy, résidence Louise et Henri Cléret.
Trente-trois résidents dont sept en autonomie. Dix-neuf équivalents temps pleins qui recouvrent en fait une trentaine d’emplois, 3,57 emplois aidés jusqu’en fin 2019.
C’est une ancienne MARPA (maison d’accueil rurale destinée à des personnes âgées) née d’un legs très important d’Henri Cléret, et donc les lieux de vie sont des petits appartements ouverts sur l’extérieur et non des studios.
La vie y est donc agréable mais c’est au prix d’une gestion très rigoureuse car comme le dit la directrice Mme Joly, le budget est très tendu, les moyens financiers accordés de manière mathématique et non selon les réalités de terrain. Il faut rappeler que le financement à rois sources : les résidents ou leur famille, l’ARS pour les soins et le Département pour la dépendance.
Le GIR (Indice des stades de perte d’autonomies) moyen de l’établissement est assez bas car il n’y a pas encore de grosses dépendances. Pourtant les problèmes sont là, la souffrance des personnels aussi car on traite des destinées et des maux humains et pas des chiffres.
La répartition des financements entre l’hébergement, les soins et la dépendance est très artificielle, ne laissant aucune latitude aux établissements pour abonder leurs budgets qui sont déjà à l’os.
51,56€ le prix de journée c’est relativement bas, la moyenne se situe en France autour de 59€. Mais ce qui coûte cher aussi ce sont les remplacements surtout en milieu rural loin de toute ville importante, on a du mal à en trouver et ça coûte cher. De toute façon l’augmentation des tarifs serait payée par les résidents ou les familles.
Une des leçons tirées des manifestations dernières, c’est le manque de moyens financiers, le manque de moyens humains, l’arithmétisation du traitement du vieillissement. Que ce soit dans les grosses structures ou à Joncy on retrouve les mêmes difficultés.
Gilles DESNOIX