Agnès Buzyn, la ministre de la Santé a le sens de la formule urticante : «Quand nous contrôlons les arrêts de travail, 15 % sont inappropriés, sont des abus. Il y a quelqu’un qui paye pour tout le monde, c’est la Sécu. Le médecin prescripteur, ce n’est pas lui paye!»
C‘est ciselé, du sur mesure, de l’attaque d’anthologie. Elle vise autant les médecins que ceux qui pourraient s’appeler leurs complices, les faux malades puisque ce sont eux qui profitent des dits « abus »… dans 15% en tout cas d’après la ministre.
En plus les fameux patients paient aussi la sécu, sauf à considérer que les « tricheurs » ne se trouvent que chez les bénéficiaires de la couverture maladie universelle.
Le syndicat de médecins généralistes MG France proteste énergiquement contre le systématisme des accusations réitérées des ministres de la Santé successifs depuis des décennies.
Les généralistes se disent «excédés » et prescrivent plutôt aux pouvoirs publics de s’interroger sur les causes profondes des difficultés physiques, sociales ou environnementales induisant des pathologies qui conduisent à prescrire des arrêts de travail.
Et puis comment sont obtenus ces 15% ? Au doigt mouillé ? À pile ou face, aux fléchettes ? Que nenni.
En fait 15% c’est le nombre d’arrêts contrôlés, sans que cela implique que 100% des contrôles effectués aient débusqué une fraude. De plus ces 15% de contrôles ne portent que sur 5% des arrêts… alors…
15% c’est le chiffre de progression des arrêts de travail entre 2010 et 2016
Mais quand le patron, le Premier ministre, confond «arrêt de travail et congé» on peut s’attendre à tout.
Ou alors s’agit-il d’une étape supplémentaire de communication pour faire payer aux entreprises les arrêts maladies comme cela a été proposé ? Et peut-être sanctionner financièrement les médecins qui prescriraient trop d’arrêts ? On se perd en conjectures.
Mais ça bouillonne tout de même derrière le stéthoscope
Gilles DESNOIX