Histoire – La miraculeuse bouteille d’eau vie enterrée dans le jardin pour échapper aux Allemands

Aujourd’hui 6 juin 2024, il y a quatre-vingts ans se déroulait la plus grande opération aéronavale de l’histoire sur les plages de Normandie. C’est la grande histoire que la France et ses alliés vont commémorer ce jeudi.

Comme souvent, sur la grande histoire, se greffe une multitude de légendes, d’intrigues, d’anecdotes qui prolongent et enrichissent la grande histoire. C’est regarder aussi par le petit bout de la lorgnette comme l’aventure de cette bouteille d’eau de vie.

En 1944 dans le village de Poligny dans le Jura, les Allemands organisent des rafles. 87 habitants et des environs sont déportés. « J’avais 8 ans en 1944 » précise Daniel Gros alias Daniel Sorg, l’écrivain de Saint-Romain-sous-Gourdon. « J’ai été pris dans une rafle. Je sors de l’école et je vois plein de monde rassemblé sur la place du village encerclé par les Allemands. Un soldat se met en travers et me dit : halte ! Avec mon copain, on a réussi à se sauver alors que les Allemands se moquaient de nous ».

C’est à Poligny qu’un viticulteur qui produisait notamment du vin jaune et de l’eau de vie, ne voulait surtout pas que les Allemands lui dérobent ou boivent sa production. « Ses meilleures bouteilles d’eau de vie de vin jaune, ils les a donc enterrées » raconte Daniel Gros. « Le fils du viticulteur était voisin de mes parents ».

A la fin de la guerre, le vigneron a déterré ses bouteilles. Et les années ont passé.

Il y a trente ans, Daniel Gros et son épouse habitaient dans une commune du Var. Un jour, le fils de viticulteur qui avait « planqué » ses bouteilles, les contacte pour que le couple lui trouve un appartement dans un petit village varois pour les vacances. « J’ai trouvé à Carnoules », indique Daniel. Pour le remercier, « il m’a offert une de ces bouteilles qui avaient échappé aux Allemands ». C’est fort d’émotion.

Le jour même, pour ne pas oublier, il écrit sur un petit bout de papier : bouteille d’eau de vie, marc du Jura en cadeau de M. A. de Poligny (Jura), elle provient de son beau-père viticulteur à Arbois, elle fait partie d’un lot de bouteilles enterré dans son jardin en 1944 afin que les Allemands ne puissent pas s’en emparer.

Entre temps, Daniel et madame ont aménagé à Saint-Romain-sous-Gourdon et la bouteille d’eau de vie a suivi. « Je la conserve depuis trente ans mais l’eau de vie doit avoir quatre-vingt-deux ou quatre-vingt-trois ans et je n’ai jamais osé l’ouvrir » énonce Daniel.

Cette bouteille _ Daniel la fixe _  lui fait justement penser aux Allemands à Poligny, aux rafles. « J’étais chez mes grands-parents quand il y a eu la libération. J’ai eu un oncle maquisard qui a été tué par les Allemands ». Personne ne peut oublier ces années-là.

Elle un témoin du passé comme une bouteille qu’on jette à la mer et vient s’échouer sur une plage.

C’était la petite histoire de la grande histoire.

 

Jean Bernard

 

 

 

2 commentaires :

  1. Respect à ces gens qui représentent la « mémoire vivante » de cette sombre période de notre histoire. Leurs témoignages sont précieux et l’hommage rendu ce jour fût plein d’émotions.
    Très beau discours également d’ E Macron qui j’espère réveillera certaines consciences qui seraient tentés, par leur vote ce dimanche, de voter pour les extrêmes qui veulent anéantir l’Europe et devenir la majorité de notre pays.
    Pour ne pas reproduire le passé et laisser un dictateur franchir nos frontières, sauvons notre Europe….

  2. Une bouteille qui a une très belle histoire, bravo Monsieur.

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