Les chiffres sont comme d’habitudes soumis à l’appréciation des uns et des autres en ce jeudi 13 janvier 2022, jour de grève dans les écoles, collèges et lycées. D’après le ministère, 38.5% des enseignants sont en grève dans les écoles, le taux monte à 75% selon le Snuipp, premier syndicat du primaire. Grévistes ou non, la grande majorité proteste contre la multiplication des protocoles sanitaires et pointe du doigt la gestion calamiteuse de la crise sanitaire par Jean-Michel Blanquer ministre de l’Education Nationale.
Ce jeudi matin, sur le parvis de l’hôtel de ville de Montceau-les-Mines, enseignants _ en majorité _ , parents et enfants, sont venus témoigner de leur ras-le-bol. A Lucie Aubrac à Blanzy, la directrice relate les faits. « En décembre, nous avons eu sept classes fermées et pas un seul remplaçant. Aujourd’hui, en 20 ans, c’est la première fois que l’école est fermée ».
De tous les témoignages _ ils ont été nombreux _, nous avons retenu celui de Charline, enseignante à l’école Jacques Prévert à Montceau, une école placée en zone d’éducation prioritaire.
Devait-elle faire grève en cette période déjà si délicate pour les enfants ? « Encore une journée de classe en moins pour les élèves, encore une journée d’organisation compliquée pour les parents » dit-elle. Cette fois-ci, Charline a décidé de parler, « car même si on râle, on se désole, on se fatigue, ça ne doit pas être une fatalité ».
Avec son discours, on comprend mieux son désarroi. « Depuis deux ans, j’aime moins mon métier » reconnaît la professeure des écoles qui enseigne en CP – CE1. Des classes où l’apprentissage du langage prend tout son sens mais avec le port du masque, « il faut parler plus fort, les enfants nous écoutent moins bien, se concentrent moins. On perd vite leur attention ».
Le mal est plus profond dans l’éducation nationale
Certes le masque freine la propagation du virus, mais « il freine aussi la propagation du langage. Apprendre à lire à des élèves avec un masque, c’est franchement compliqué. Aider un élève à mieux prononcer un son, toujours avec un masque, c’est complexe » rapporte Charline.
Elle s’interroge sur l’utilité du masque à l’école, « d’ailleurs les enfants ne le portent pas correctement, certains le mangent, d’autres le tètent, le portent sale voire se l’échangent ».
La covid, les protocoles incessants, le masque, plombent l’ambiance. C’est oublier également les autres difficultés, les autres manquements du ministère notamment sur la formation. « Nous ne pouvons plus le faire, nous ne sommes quasiment plus remplacés sans même parler de la période covid ». Sa maman, ancienne institutrice, lui a parlé de semaine entière de formation et « elle était remplacée. Maintenant, les enseignants se retrouvent seuls devant leur ordinateur. Une belle avancée technologique, n’est-ce pas !
Charline évoque encore sa culpabilité devant un enfant qui a besoin d’un suivi psychologique et qui doit attendre 5 à 6 mois avant de voir l’unique psy disponible, des difficultés des AESH (qui accompagnent les élèves en situation de handicap). « ‘Elle font de leur mieux, parfois sans formation ».
En fin de compte, ce ras-le-bol n’englobe pas seulement le « bazar » des protocoles sanitaires, il va au-delà. Il cerne le recrutement des enseignants, la revalorisation du métier, que l’école publique soit égalitaire, un espace d’apprentissage et d’émancipation. C’est donner envie d’aller à l’école.
« Je suis fière d’être enseignante mais je ne sais pas si je parviendrai à militer encore longtemps. Car oui, enseigner relève aujourd’hui d’un parcours militant si on veut bien faire son travail ». C’était Charline ou la réalité du terrain.
Jean Bernard
Belle mobilisation nationale pour une juste cause, notre Éducation Nationale malmenée tout comme la Santé et bien d’autres services publics….
Montceau les Mines pas d’élus de la majorité abse’ce remarquée du chef de file local PS….
Présentd cependant M. Bonnand et Me Touillon d’énergies citoyennes…
Les réponses seront elles à la hauteur des demandes ? A suivre…
Du coup est ce que les enseignants revendiquent la distribution de masques FFP2 gratuits aux personnels et aux élèves pour les protéger? À lire cet article cela ne paraît pas évident et même contradictoire avec le propos rapporté. Rappelons que la circulation du virus occasionne en ce moment (en date du 13 janvier): 418 enfants hospitalisés de moins de 10 ans , dont 74 en soins critiques et 316 enfants et adolescents de 10-19 ans , dont 22 en soins critiques. Les moins de 5 ans n’avaient pas la possibilité d’être vaccinés.
Bien regarder dans ces chiffres si il y a des co-morbidités liées, c’est-à-dire si ce sont des enfants déjà immuno-déprimés, et cela permettra d’une part de relativiser et d’autre part de bien affiner l’observation.
Et donc, si on regarde le l’autre moitié du verre, nonobstant le détail précité :
https://www.insee.fr/fr/statistiques/1892086?sommaire=1912926
Cela fait donc 7 755 755 – 418 = 7 755 137 enfants de moins de 10 ans non hospitalisés, grippés ou asymptomatiques.
Le problème de fond ne serait il pas que depuis 40 ans ( à l’exception peut etre de Chevenement), les ministres qui se sont suivis etaient autant bienvenus dans les salles des profs que Zemour dans une mosquée de banlieue. Alors je veux bien que ce soit dans l’ADN des profs d’écouter les Anti-tout Belges sur France Inter de 17 à 18 heures, mais une politique ne peut avancer que si on accepte parfois qu’il faut sortir de la bien pensance et du jusqu’au boutisme .