Une journée à ne pas mettre un gilet jaune dehors ce vendredi 21 décembre 2018. De la pluie, encore de la pluie. N’en jetez plus ! Au camp du Magny, la bouillasse noire confite au foin colle aux pieds. La cahute, la cabane au fond du bois regorge pourtant de gueules souriantes. Le moral n’est pas atteint, ça se voit rien qu’à leur teint.
Depuis le 17 novembre, sur ce lopin de terre, des jours et des nuits, certaines plus longues que d’autres, des liens se tissent. La famille des gilets jaunes du Magny fait face aux épreuves, les unes après les autres. On se déchire, on s’engueule, certains partent voir si le carré est plus jaune ailleurs. Mais ils sont là, ils ne lâchent rien sans savoir si demain sera meilleur ou moins pire qu’hier.
Avant d’entamer l’acte VI de la rébellion en ce samedi 22 décembre 2018, ils ont quand même flippé toute la journée que les CRS ou les gendarmes mobiles reviennent pour démanteler le camp. Comme le suricate, la sentinelle du désert, au moindre véhicule suspect, au moindre passage d’un véhicule de police ou encore d’un convoi de gendarmes mobiles sur la RCEA en direction de Paray-le-Monial, l’alerte est donnée.
La tension retombe, les discussions reprennent avec toujours un oeil qui traîne à droite, à gauche. Cette nuit, pas question d’abandonner le camp surtout à la veille de l’acte VI. Ils décident de tenir la place, ce camp retranché bâtit en un temps record le mardi 11 décembre suite à la visite « des bleus » la veille.
Une nuit de plus sur cette terre noire. La pluie cesse. Les chants montent. Le coeur est chaud, la braise bien rouge. Leurs nuits sont plus belles que nos jours. Demain est un autre D Day.
Jean Bernard
« Illetrés ».
Ah oui quand même hein!