Des embrassades, des sourires, l’accueil vendredi sur le parvis de l’Arc au Creusot a été chaleureux pour la ministre de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation. En clôture de ces 8es journées nationales de France Urbaine, la présidente Johanna Rolland avait cependant beaucoup à lui demander et Françoise Gatel peu de promesses à faire, étant donné le contexte actuel. « Nous sommes dans une instabilité économique et internationale, alors je suis partisane de faire la part du colibri » a stipulé la ministre nouvellement nommée et qui, comme l’ensemble du gouvernement est en sursis.
Forcément, dans ces conditions, Françoise Gatel qui a bien écouté les propos de Johanna Rolland lui a surtout fait savoir qu’elles se reverraient. Ou pas.
Pour faire simple, les collectivité locales que représente France Urbaine (elles sont au nombre de 107 soit 2000 communes), en ont marre de se faire plumer d’où le sentiment mitigé, de l’inquiétude aussi et même de la colère des élus. « La confiance entre l’Etat et les collectivités est entamée » a déclaré la présidente. « Que cesse cette politique d’assèchement des collectivités locales ». Parce que, une fois encore, l’Etat va demander un effort aux collectivités. « Six milliards de prélèvements, ce n’est pas tenable ». En somme, il faut revoir le projet de loi des finances 2026. C’est une demande des socialistes, de France Urbaine, des deux à la fois. Mais bon, Sébastien Lecornu a mis le doigt dans l’engrenage et il a sauvé sa tête grâce au PS.
Aux demandes de France Urbaine, Françoise Gatel mise sur le dialogue tout en flattant _ une fois encore _ les représentants des collectivités locales. « Vous jouez un rôle imminemment important, vous êtes la locomotive des territoires ». Un discours récurrent très rarement suivi d’effets ».
Madame la ministre de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation n’est pas née de la dernière pluie. Dans l’immédiat, il s’agissait d’écouter et rassurer sans rien promettre. De mentionner que les défis de l’aménagement du territoire et de la décentralisation ne sont pas des sujets abstraits, technocratiques ou lointains, mais ce sont ce que vivent concrètement les territoires, les habitants; que le dialogue entre villes, agglomérations, intercommunalités, départements, métropoles, communes rurales est une condition de réussite; que l’innovation locale, les initiatives citoyennes, les coopérations entre acteurs publics, privés, associatifs, sont le ciment de ce renouveau territorial; que l’équité territoriale n’est pas un slogan, mais une promesse pour tous les citoyens où qu’ils vivent et qu’ils puissent accéder aux services publics, à la mobilité, au logement, aux équipements, à la culture, à la transition écologique.
Il faut donc redonner un souffle aux villes de taille moyenne et aux territoires intermédiaires, a dit en substance Françoise Gatel.
Sur la décentralisation, « qui a été pensée il y a 40 ans », souligne Johanna Rolland, « ce, ce n’est pas disperser, mais clarifier, renforcer, responsabiliser. Chaque échelon, commune, intercommunalité, département, région, doit avoir ses compétences bien définies, ses moyens adaptés, ses marges de manœuvre. Je souhaite engager une réingénierie de notre système de gouvernance locale, fondée sur la subsidiarité, l’évaluation, la transparence, et la co-construction. Le grand acte de décentralisation que le Premier ministre veut impulser devra tirer les leçons des échecs et excès des réformes passées » a mentionné la ministre.
Il s’agit aussi d’amplifier la mutualisation, encourager les partenariats publics-privés à l’échelle locale, simplifier les procédures, réduire la technicité excessive. De proposer des dispositifs incitatifs pour les projets interterritoriaux _ mobilités partagées, filières alimentaires territoriales, équipements culturels partagés, services mutualisés _, tout en respectant la diversité locale.
Chacun a bien conscience que les collectivités locales font preuve de résistance, de créativité, d’engagement qu’ils soient élus, techniciens, acteurs associatifs, citoyens, qui chaque jour font vivre la France de l’intérieur.
Mais pour l’heure, le climat de confiance s’étiole.
Terminons par cette interpellation de la présidente de France Urbaine en direction de l’Etat : « êtes vous à nos côtés ? »
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J.B.
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