Quelques résultats des questionnaires de l’Assemblée des assemblées
à Montceau-les-Mines
Lors de l’assemblée des assemblées à Montceau-les-Mines, nous avons fait passer 195 questionnaires au cours de la dernière assemblée plénière du dimanche. Les résultats montrent que les délégués de l’Ada sont à 49% des femmes, avaient 49 ans en moyenne, qu’une partie importante d’entre eux participe pour la toute première fois à un mouvement social (19 % de l’Ada). Les
répondants refusent souvent le clivage droite-gauche (32%) ou s’abstiennent de voter (43% et 58% aux premiers tours de la présidentielle 2012 et 2017). La diversité des métiers, souvent des classes populaires ou moyennes, est impressionnante, que l’on soit ou non au chômage ou à la retraite : jardinier, ouvrier, comptable, aide-soignante, ingénieur, traductrice, designer, pâtissier,
psychologue, informaticien, menuisier, enseignant, caissière, fleuriste… Si les revenus mentionnés sont proches de la moyenne nationale (2 118 € quand on met de côté un revenu exceptionnellement élevé) malgré des différences importantes, en revanche les niveaux de diplômes sont élevés : 48 % ont un bac+3 ou plus. Politiquement, on remarque une nette tendance au vote à gauche ou à l’extrême-gauche, mais cette préférence n’est pas exclusive – par exemple, 8 personnes ont déclaré avoir voté Le Pen et 13 pour Asselineau aux présidentielles de 2017. Tout cela montre que l’Ada réussit en partie à dépasser les clivages partisans et à représenter socialement le mouvement, même si elle ne l’exprime pas dans sa totalité.
1. Gilets jaunes et militants
Les gilets jaunes présents à l’Ada déclarent à 81% avoir déjà participé à un mouvement social par le passé. Les manifestations contre les lois « travail », ou encore la défense des services publics sont les deux mouvements les plus souvent cités. Le fait qu’un Gilet jaune sur cinq n’ait jamais manifesté auparavant est très important par rapport à d’autres mouvements sociaux, surtout si on prend en compte l’âge moyen relativement élevé. Le refus de l’opposition entre la droite et la gauche, souvent imposée par le jeu politique officiel, et relayé par les instituts de sondages et les médias, est remis en question : 67 réponses ne s’y retrouve pas, et un Gilet jaune dit même qu’il s’agit d’une « question débile ». Enfin, 60% des interrogés affirment ne s’être jamais rendus à Paris pour un acte des gilets jaunes. Ce résultat va dans le sens de la volonté de l’assemblée des assemblées
d’être avant tout une assemblée des ronds-points, ancrée localement – on peut même considérer que le profil « trop parisien » qui avait été parfois critiqué dans les débats de Commercy, a changé depuis.
2. Les revendications
Les réponses à la question « pourquoi manifestez-vous aujourd’hui ? » font apparaître des revendications de trois ordres. La volonté d’une démocratie directe ou beaucoup plus participative avec notamment la forte présence du RIC, véritable socle commun, ainsi que les revendications écologiques, sont très présentes, contrairement à ce qui est souvent dit dans les médias. On retrouve massivement l’argument d’une pollution beaucoup plus liées aux usines, aux transports maritimes et aériens – par ailleurs largement défiscalisés – qu’aux voitures particulières, surtout en situation de manques de transports en commun. Les revendications économiques, quant à elles, se concentrent sur la défense des services publics et la justice sociale sous la forme du rétablissement de l’ISF, mais moins sur les taxes qui étaient pourtant le point de départ du mouvement du 17 novembre.
3. Un regard plus « à gauche » ?
Parmi les Gilets jaunes qui nous ont rendu un questionnaire, 12% disent être ou avoir été membres d’un parti politique, 31% déclarent être adhérent ou avoir été adhérent d’un syndicat.
Parmi les organisations les plus cités figurent la France Insoumise pour les partis (10/195), avec UPR en deuxième position (4/195), suivi par le PS et le NPA (3/195 chacun) et le POI (2/195).
Trois réponses indiquent des convictions anarchistes ou libertaires mais sans précision d’organisation à part une pour la CNT. Enfin, cinq répondants ont cité des organisations écologiques (3 membres d’Alternatiba, 1 de Greenpeace, 1 du parti Les Verts). La CGT et FO sont quant à elles les deux organisations syndicales les plus évoquées. Cela laisse une très large majorité
de non partisans et non syndiqués, ou de personnes qui sont simplement dans une association (22%). Contrairement à une opposition commode, largement ressassée dans les médias, il n’y a pas d’opposition majeure vis-à-vis des syndicats, mais une autre façon de poser la question des convergences : 96 Gilets jaunes sont contre la présence des syndicats et 79 sont pour, mais surtout la plupart des commentaires font une distinction très claire entre les syndiqués à accepter « sans étiquette » et les directions à refuser. Très rares sont les réponses qui trient les organisations – « pour » la CGT mais « contre » FO par exemple.
En 2012, le nombre d’abstention parmi les délégués est massif (43%), beaucoup plus élevé que la moyenne nationale. On remarque un vote de gauche ou d’extrême gauche important mais diversifié : 21 voix pour Mélenchon (11%), 19 pour Hollande (10%), 12 pour Poutou (6%). En 2017, 31% des répondants ont voté Jean-Luc Mélenchon, et l’ensemble des candidats de gauche
(Philippe Poutou, Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon) représentent 40% des réponses. Il convient de souligner la présence significative d’abstentionnistes déclarés (22%) mais aussi de votants UPR (13 voix, 7%) et du Front National (8 voix, 4%), même si de nombreux votants FN n’ont peut-être pas souhaité répondre. L’assemblée des assemblées représente ainsi une forme de
jonction entre des militants Gilets jaunes aux profils politiques très divers.
4. Quels milieux sociaux ?
La moyenne d’âge des répondants est de 49 ans contre 41 ans dans l’ensemble de la population française. Ce résultat s’explique par la présence importante de retraités, dont la disponibilité pour participer à l’ADA se tenant sur 3 journées est plus importante, mais aussi par le fait que les Gilets jaunes sont, plus simplement, au milieu de leur vie avec déjà une longue expérience familiale et professionnelle, ce qui est une particularité – et peut-être une des forces – du mouvement. 49% des interrogés sont des femmes : ce résultat témoigne d’une véritable prise en compte de la parité, consciente ou non.
Concernant les diplômes obtenus par les répondants, on observe que les plus diplômés des AG locales sont plus présents dans les délégations. Les enseignants sont un peu surreprésentés. Mais il faut également prendre en compte le fait que pour un questionnaire auto-administré, c’est-à-dire rempli par ceux qui le souhaitent, ceux qui sont moins à l’aise avec l’écrit rendent moins le questionnaire.
Enfin, la moyenne des revenus des foyers est de 2 118 euros. Ce résultat dissimule toutefois de très fortes disparités. On retrouve effectivement des personnes avec des salaires plus conséquents que ce que l’on voit souvent sur les ronds-points, mais il y a aussi tout un groupe de délégués avec des revenus très bas, de quelques centaines d’euros par mois. Une nouvelle fois l’assemblée des assemblées apparaît comme un lieu de jonction entre plusieurs franges du mouvement qui à l’occasion de ce rassemblement à Montceau-le-Mines ont pu échanger et débattre sur un pied d’égalité.
Nous restons bien évidements joignables si vous souhaitez en savoir plus sur des points précis, si vous avez des remarques ou des questions, n’hésitez pas à nous en faire part, nous serions ravis d’en avoir. A bientôt dans les cortèges, dans les assemblées, ou sur les lieux de blocage !
Naomi, Quentin, Pauline, Loïc
giletjaunejaune@protonmail.com