En marge de « la tournée » d’Alain Schleich (lire ci-dessous), ce mardi 6 octobre à partir de 15H auront lieu sur le site Eolane-Montceau les Mines plusieurs rendez-vous, notamment un CSE avec PDG et l’administrateur judiciaire puis une réunion avec l’avocat, Ralph Blindauer puis une autre avec la direction et les salariés.
Les salariés vont encore fortement manifester leur colère avec renfort de matériel pour rendre bien visibles leurs sentiments.
Communiqué des représentants du personnel d’Eolane-Montceau.
En début de tournée pour rencontrer ses collègues des autres sites d’Eolane, le secrétaire du CSE montcellien se rend ce lundi 5 octobre au nord de Paris, à Neuilly-en-Thelle. Distribution de tracts et partage d’expérience au programme. Le décodage du fonctionnement du groupe mérite d’évidence le déplacement.
Ne rien oublier. Dire le carnage qui suivra dès que le groupe aura en tête de supprimer un nouveau site, quel qu’il soit, petit ou grand, profitable ou non. Dire le pillage organisé par transfert des clients vers les autres sites. Dire le rejet que subira ce malchanceux qui deviendra le bouc émissaire, la branche à couper pour sauver les autres de la contagion. Dire l’indifférence, voire la complicité passive des instances judiciaires.
Un jour, vous voilà convoqué à une réunion de CSE exceptionnelle ; trois jours plus tard, vous êtes au tribunal de commerce. La direction générale arrive bardé d’avocats et de conseillers de luxe. Vos collègues sont venus devant le tribunal, avec les maires de votre commune et celles avoisinantes, leurs écharpes tricolores rappellent le sens de la démocratie, l’importance des enjeux pour les emplois et le territoire.
La demande de cessation de paiement est sur le bureau du juge. La direction générale et ses complices expliquent péremptoirement leur vérité du moment. Ils sont arrogants et sûr de leur coup ; ils peuvent, ils connaissent le système et les règles du jeu, vous non. Alors, Vous tentez une dernière fois de convaincre les juges, fort de votre intégrité et des vérités solides du terrain.
Dans ces robes noires de juges non professionnels, ce sont tous des patrons. Ils décident logiquement de l’issue de conflits entre employeurs, fournisseurs, clients. Mais là, ce n’est pas le cas. L’enjeu est de dire qui va payer, entre un patron et la collectivité ? Comment ce tribunal de commerce pourrait-il être partial ? Il y a un garde-fou avec la présence du parquet, c’est-à-dire d’un procureur – ou substitut – de la république.
Vous voilà rassurés, une instance veille sur la démocratie et va forcément dire le droit après avoir identifié les fourberies. Tout le monde est invité à parler librement, mais vous ne pouvez pas savoir qu’il ne s’agit que de théâtre et que vos propos seront filtrés et retournés contre vous, à charge. Bien avant de vous en rendre compte, le parquet aura dicté : « demande de cessation de paiement recevable, redressement judiciaire ! »
Les juges se retirent, reviennent, annoncent : « jugement dans six jours ». C’est que l’affaire est considérée sérieuse, ils vont prendre le temps de la réflexion. Bon signe. Quelle naïveté ! L’affaire est déjà soldée, reste à mettre les formes pour donner l’illusion de normalité. Redressement judiciaire assorti d’une période d’observation de 50 jours, comme s’il restait de l’activité, du travail au quotidien. Incroyable, aberrant !
Cela fait plus d’un mois que la production est en berne, qu’il n’y a quasiment plus de clients ni de carnet de commande. Le site est fermé au quotidien, sauf exception. Les salariés sont chez eux. Il n’y a plus rien à espérer, ni en reprise d’activité, ni pour attirer un repreneur vers une coquille désormais vide. La liquidation judiciaire immédiate était l’évidence. Elle viendra plus tard drapée de normalité judiciaire.
Avec l’aveu de l’évidence, il aurait fallu analyser pourquoi un grand groupe comme Eolane avait attendu de faire toucher le fond à un de ses sites pour procéder à sa demande de « dépôt de bilan ». Il y aurait alors eu le risque de s’intéresser aux manœuvres antérieures et au transfert complet des activités au bénéfice des autres sites. Mais le sort des emplois et salariés est subsidiaire dans cette stratégie du pillage opportuniste.
Grace à ce subterfuge sous bienveillance de l’état, l’illusion de démocratie est soigneusement entretenue. Prétendre à une quelconque possibilité de redressement relève d’une cynique hypocrisie. Sauf miracle, le sort de Montceau et scellé. Là n’est plus la question. L’enjeu sociétal est bien plus important. Combien d’autres coups d’état à l’encontre de la collectivité et des emplois vont encore se jouer sous nos yeux ?
La suite au retour …