La colère gronde chez les éleveurs ovins. Il n’est pas question de la PAC (politique agricole commune) mais d’un prédateur encore davantage vorace, sans toit ni loi, le LOUP. Il « mange » à tous les râteliers.
Le loup qui depuis la semaine dernière, au moins à quatre reprises, est venu se faire les dents parmi les troupeaux de moutons entre Saint-Romain-sous-Gourdon et Gourdon. L’animal est futé et connaît le guide du routard sur le bout de ses griffes et de ses canines acérées. La bonne viande, il sait la reconnaître.
Le préfet a pris des mesures, notamment des tirs d’effarouchement. Ainsi, la nuit dernière, des louvetiers avec leurs 4×4 ont patrouillé dans les parages. « Ce sont des bénévoles, ils paient leur essence, leurs cartouches (balles en plastique) et ne sont même pas équipés de lunette à vision nocturne » raconte un éleveur au président du Département, André Accary et à Josiane Corneloup, députée, venus à la rencontre de la profession ce vendredi matin sur la commune de Gourdon en présence du maire, Marc Répy.
Et quand bien même le loup s’est tenu à carreau depuis quatre jours, l’inquiétude des éleveurs n’est pas retombée pour autant. Le prédateur peut revenir comme avoir quitté les lieux pour une autre destination. « Deux béliers ont quand même disparu ces jours derniers » affirme un agriculteur.
L’arrivée du loup en Saône-et-Loire est « un problème nouveau » souligne André Accary qui, sans être un expert, a profité d’un court séjour dans la Drôme, « dans un village victime de 141 attaques de loups depuis le début de l’année ». De se rendre compte sur place, que les mesures prises, « ne servent à rien ».
Trouver le loup et le placer dans une zone sécurisée (Andre Accary)
La prolifération du loup en France est une affaire d’Etat mais avant que les élites ne comprennent l’étendue des dégâts, le président du Département et Josiane Corneloup, prennent les devants.
La députée a envoyé un courrier au Premier ministre, car »il faut faire évoluer la loi » lance un éleveur. Non seulement le loup est une espèce protégée mais « il prolifère de 2% par an. Ils sont 590 en France, en 2019 ils ont fait 1250 victimes et coûté 30 M€ d’indemnisation » précise Josiane Corneloup.
« On est en train de créer un super prédateur. Ici, nous avons des brebis sur 15 km alors comment faire pour les protéger ? Aujourd’hui, c’est un loup et demain dix. Mais il ne faut pas se fâcher avec l’électorat écologiste » rage un agriculteur.
Même pour les indemnités, les éleveurs ne sont pas sur le même pied d’égalité. « Dans les préalpes, une brebis (du lait pour le fromage) est indemnisée autour de 650 €, chez nous, on nous donne 220 à 240 € (brebis pour la viande et la reproduction) » déclare encore un éleveur.
Ils sont tous là, réunis au Gaec Montchanin. Ils écoutent et vide leur sac calmement. « On nous dit de clôturer nos bocages mais c’est impossible. De prendre des chiens, des patous mais nous ne sommes pas dans les alpages ».
Le loup, lui, en attendant, doit bien rigoler dans son coin. Il est libre le loup, il égorge et disparaît. « Personne ne s’est demandée pourquoi il y avait moins de chevreuils dans les bois, alors maintenant, il (le loup) attaque les brebis puis ce seront les veaux », balance un participant à la rencontre.
Il s’agit donc dans l’immédiat de mettre la pression sur l’Etat, « qu’il réagisse efficacement » indique André Accary avec le soutien de Josiane Corneloup.
« Je ne suis pas venu avec une équipe pour tuer le loup » prévient le président. Le Département peut compléter l’action de l’Etat financièrement et « je vais proposer un prélèvement du loup, le mettre en zone sécurisée et protégée ».
« Ce n’est pas un pansement que nous voulons, c’est régler le problème du loup. Nous n’en voulons pas ». Le message des éleveurs est limpide.
Jean Bernard
30 M€ d’indemnisation, elle est pas belle la vie ?
Messieurs les éleveurs, défendez vous et ne vous laissez pas endormir par des personnes qui promettent des mesures ridicules.