Communiqué.
Mardi 10 novembre : une grève des enseignants.
Dans ce contexte si particulier, cela interpelle.
En effet, tout va mal partout. Alors pourquoi se mettre en grève ?
Nous pensons au personnel hospitalier qui ne peut se le permettre, aux gens qui ont perdu leur emploi… Nous profitons donc de cette journée de grève pour réfléchir à l’avenir, anticiper, nous questionner et nous organiser.
Plusieurs professeurs du primaire et secondaire se sont réunis mardi matin, avec des parents d’élèves, AESH, animateur et service civique. L’idée était de faire le point ensemble sur l’école. Prendre du recul. Un besoin de parler, d’échanger. De cette réunion masquée sont nées ces lignes, que nous avons souhaité partager, les moments de rencontres et d’échanges étant limités actuellement.
« Le contexte n’est pas franchement à la contestation, à la lutte corporatiste. On tente plutôt de s’entraider, se soutenir entre citoyens.
Quelque soit notre métier, nous vivons tous du stress. Il est palpable tout le temps, partout. Le coronavirus est là, plus que jamais dans notre secteur géographique, dans les établissements scolaires aussi.
On nous demande d’être solidaires et obéissants. Nous le sommes. Mais pas soumis.
Certains ici sont en grève. Ont refusé d’aller travailler. Ont accepté de perdre une journée de salaire pour lutter. Peut être aussi pour se sentir avoir encore ce droit, un peu de liberté …
Une grève pour défendre l’accueil donné aux enfants, pour défendre la qualité de l’enseignement dispensé. Pour soulever les incohérences des protocoles dans les écoles et des règles dans la société.
Car oui : où se trouve la cohérence entre la situation alarmiste et la réalité du quotidien dans les établissements scolaires, avec des classes à parfois plus de 30 élèves dans des locaux exigus et peu pratiques ? Où se trouve la cohérence entre le nouveau protocole dans les classes et les temps de demi-pension où les enfants, malgré les efforts des encadrants, sont brassés, jusqu’à réunir plus de 100 élèves à la fois?
Oui, les enseignants dénoncent cela.
Mais une grève surtout pour dévoiler la maltraitance des Hauts fonctionnaires de l’Éducation Nationale envers son personnel et les enfants. Pas de consultation, des informations relayées par les médias avant les boîtes professionnelles, des protocoles à peine mis en place et déjà remplacés, des incohérences entre les différentes règles imposées…Cela crée de la confusion pour tous.
L’hommage à Samuel Paty en fut une parfaite illustration. Rentrée à 10h, puis à 8h, de la concertation entre enseignants, puis non…. faites comme vous voulez. Un hommage bâclé. Une honte.
Sans compter les problématiques qui perdurent, soulevées depuis si longtemps par le corps enseignant et les parents. En refusant d’embaucher plus de professeurs, en recrutant des contractuels sans formation : que cherche-t-on ?
Les enseignants ont obéi à la lettre à toutes les prérogatives lors du premier confinement. Sans broncher. Ou presque. Il y avait urgence. Puis il y a eu l’été. Pas d’information. Pas de consultation. Où étaient les hauts cadres ? Pourquoi ne pas avoir réfléchi ensemble durant ces 6 semaines ? Pourquoi avoir envoyé un protocole la veille de la rentrée alors que certainement le Ministère s’y était attelé tout l’été ? Nous avions le temps de nous organiser, en profondeur, de réadapter les contenus pédagogiques, d’identifier un nouveau fonctionnement… Malheureusement, l’institution Education Nationale donne l’impression de s’être réveillée la veille de la rentrée. On ne jette pas la responsabilité mais à un moment, il faut le dire et le temps est venu.
Nous voulons de la justice, de la cohérence. Nous voulons être consultés, respectés et prendre part aux décisions. Nous connaissons le terrain et pouvons nous organiser. Nous refusons de nous laisser imposer des mesures impossibles à mettre en place. Nous refusons de faire semblant. Pour l’école, pour nos enfants. «