Economie – La messe du dimanche alimentaire

Hyper Leclerc de Montceau : augmentation de l’amplitude d’ouverture au dimanche matin. On ne pourra pas faire plus, sauf à ouvrir vingt-quatre heures sur vingt-quatre.

La direction de l’Hypermarché Leclerc de Montceau annonce l’ouverture de son magasin les dimanches matins à partir du 14 janvier.
Les motifs sont clairs. L’évolution du commerce actuel à la fois dans sa nature et dans ses modes de fonctionnement, la concurrence des grandes surfaces locales ouvrant le dimanche matin sur le Bassin minier, mais aussi le E-commerce et la pression des géants mondiaux de la vente sur la toile avec livraison 7/7 24/24 ; cette évolution donc, fait que la Direction de Leclerc s’est résolue, pour rétablir l’équilibre, à ouvrir le dimanche matin.
Les propositions restent les mêmes que lorsque les différents textes au cours des années passées sont venus en discussion au parlement où lors de la signature d’arrêtés dérogatoires : volontariat et appel à des étudiants.
Rien de nouveau sous le ciel de la grande distribution.
En septembre dernier, un sondage en ligne a fait ressortir (on peut le penser) les attentes des clients potentiels.

Pour ou contre l’ouverture des grandes surfaces le dimanche ?

Oui, 20 %
Non 80 % (54% sur le principe même, 26% sur l’absence de nécessité)

(Un peu moins de 1000 réponses en ligne.)

Il faut, bien entendu, rester très prudent sur ce genre de sondage en ligne, mais comme tout le monde se méfie des sondages des instituts ayant pignon sur rue et de leurs traficotages, peut-être que ceux-ci ne sont pas moins fiables que les autres.
Et puis les chiffres donneront raison ou non aux uns et aux autres, la fréquentation des caisses le dimanche matin départagera les pour, les contre et les indécis.

Nous avons tous dans notre entourage des gens qui sont officiellement contre et qui vont trainer leurs guêtres dans les rayons avec parfois mauvaise conscience. Et nous connaissons tous des collègues qui sont pour et qui n’iront jamais pendant le repos hebdomadaire faire travailler une hôtesse de caisse.

Sur le fond c’est un bouleversement profond de notre culture, c’est souvent en opposition avec nos plaintes contre la désertification des centres villes par le commerce de proximité, surtout celui des métiers de bouche. Mais c’est aussi un marqueur de l’évolution de notre société.
Les quelques réactions recueillies auprès de quelques badauds, qu’Eleanor a consenti à laisser déambuler, sont symptomatiques du glissement vers un individualisme et un pragmatisme dans l’air du temps. Voilà en substance la traduction de leurs réflexions « Personne ne vient nous obliger à faire ce que nous faisons, [aller le dimanche au supermarché] et ceux qui organisent la grande distribution calculent aussi les coûts induits. S’ils perdent de l’argent à organiser le travail ainsi, parce que personne ne donnera plus de pouvoir d’achat aux clients pour cette raison, il faudra bien qu’ils en tirent les conséquences. »

Bien entendu les syndicats de salariés sont en majorité contre. Rappelons que dès 2012 la CGT s’était opposée à l’ouverture des grandes surfaces le dimanche. Depuis, d’années en années, d’initiatives en initiatives sa position ne semble pas avoir changé. Et bien sûr les répercussions « collatérales » sur d’autres salariés sont évoquées, comme livraisons, nettoyage, gardiennage, etc.

Donc une situation à suivre et surtout une analyse à faire du comportement des clients que ce soit face à l’augmentation de l’offre ou face aux revendications des opposants.

C’est à chacun de peser le pour et le contre en prenant le problème dans son entier, et pas seulement en regardant ses propres attentes.

Gilles DESNOIX

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