À l’occasion de la journée de lutte pour les droits des femmes et pour l’égalité professionnelle, nous vous proposons de
découvrir un métier féminisé et précarisé à l’extrême, sur lequel repose toute la politique de l’école inclusive promue par le
ministre de l’Éducation Nationale.
Le sort réservé à ces personnels privé.es d’évolution de carrière est caractéristique de ce que subissent tous les contractuel.les
de la fonction publique, mais les temps partiels imposés, la multiplicité des supérieurs hiérarchiques et le manque de
considération transforment vite ce métier en véritable cauchemar pour celles qui l’exercent.
90 % des AESH, (accompagnante d’élèves en situation de handicap) sont des femmes. Beaucoup sont seules avec enfants à
charge. Depuis la mise en place des PIALS (pôles inclusifs d’accompagnement localisés), l’AESH peut être envoyée sur
plusieurs établissements et avoir des changements d’emploi du temps régulièrement. Elle a tellement d’interlocuteurs
hiérarchiques différents qu’elle peut se sentir parfois tiraillée et n’obtient jamais de réponses à ses questions car tous se
renvoient la balle.
Ce métier n’est plus compatible avec une vie de famille et entraine des difficultés d’organisation pour toutes ces femmes.
Comment inscrire son enfant à la cantine ou le faire garder quand on est prévenue la veille d’une modification d’emploi du
temps pour le lendemain.
Le métier d’AESH est mal reconnu et sous-payé (environ 700 euros par mois). Ce salaire ne permet pas de vivre décemment,
mais l’AESH, si elle veut cumuler avec un deuxième emploi, doit demander la permission à son employeur. Et même si
l’autorisation lui est donnée, elle devra s’adapter aux changements d’emploi du temps récurrents et ne jamais se plaindre, car
la mission d’AESH doit rester prioritaire sur l’activité complémentaire.
L’AESH n’a pas reçu de formation réelle et doit apprendre comme elle le peut. On lui demande d’avoir un diplôme d’aide à la
personne ou un Bac, mais cela ne lui donne pas les compétences pour accompagner tout type d’élève dans toutes les matières
et à tous les niveaux d’études. Elle est parfois en souffrance et n’ose pas demander de l’aide. À qui peut-elle en demander
d’ailleurs ?
L’AESH n’est jamais titulaire de son poste, même lorsque, après six ans de CDD, elle obtient un CDI.
Elle est souvent isolée et subit les pressions des chefs d’établissement qui pensent que les AESH sont corvéables à merci. Elle
est infantilisée, humiliée. On lui confie des tâches qui ne font pas partie de ses missions et qui sont même interdites par les
textes réglementaires.
L’AESH est maintenant “mutualisée” : elle doit accompagner plusieurs enfants dans plusieurs établissements, c’est le travail à
la chaine : pas le temps de connaître l’enfant ni de faire un travail de qualité.
Finalement, l’AESH parle souvent de démissionner, car elle n’en peut plus de ces conditions de travail ubuesques.
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