Les couloirs des différents services du centre hospitalier de Montceau sont encombrés de portants aux entrées des chambres. Le personnel soignant y trouve tout le nécessaire pour se rendre auprès des malades du covid. Et ils sont nombreux, très nombreux. « Nous en avons 55 au sein de l’ensemble des services depuis maintenant une semaine » indique Jean-Michel Suignard, directeur délégué de l’établissement public. « C’est très nettement supérieur au chiffre de la première vague, nous n’avions pas dépassé les 16 malades », ajoute-t-il.
Cette fois-ci, c’est une déferlante, la deuxième vague s’abat brutalement sur la France, sur Montceau-les-Mines aussi. Inquiétant, voire très inquiétant, surtout quand le directeur précise, « aujourd’hui, ce n’est que le début de la crise, nous risquons de doubler le nombre de patients malades du covid d’ici fin novembre début décembre ». Le virus est très présent. « Mais nous allons tout faire pour ne pas atteindre ce chiffre ». La cellule de crise travaille pour ça en partenariat avec les autres établissement du territoire, La Guiche, Toulon-sur-Arroux, Autun, Chalon et même Le Creusot avec l’Hôtel Dieu. « En SSR (soins de suite et réadaptation) à la Guiche, sur 60 lits, 13 sont réservés au covid ».
Dix décès du covid depuis septembre
D’un autre côté, Jean-Michel Suignard se montre néanmoins rassurant. Ici à Montceau, les patients viennent et repartent en moyenne au bout de quatre jours, « les plus fragiles restent entre sept et dix jours ».
Toutefois, parmi les 55 malades, huit ont été placés en soins intensifs, ils connaissent des difficultés respiratoires. Dans l’immédiat, l’hôpital dispose d’une dizaine de respirateurs qui diffusent de l’oxygène à haute dose. Dès la semaines prochaine, dix autres vont arriver.
Pour l’heure, le CH est donc en mesure d’assurer les soins aux malades du covid. Contrairement à la première vague, il n’existe plus de service covid, ainsi, selon leurs pathologies, les patients sont répartis en médecine générale, pneumologie, cardiologie ou gériatrie. « Cela nous permet d’avoir davantage de souplesse, tous les services sont capables de prendre en charge un covid », explique le directeur. Moyenne d’âge des cas covid, entre 56 et 70 ans.
Un afflux de malades qui se matérialise bien évidemment aux urgences qui traitent environ 30 personnes par jour dont la grande majorité rentre à la maison et se met à l’isolement.
Malgré les soins et toute l’attention que le personnel porte aux malades covid, certains décèdent. « Nous comptons dix décès depuis septembre » précise le directeur (NDLR : 14 décès pendant la première vague et 17 aux EHPAD).
La solidarité de la population au personnel soignant a disparu
Par cette organisation, le CH de Montceau répond donc à une demande locale, de la proximité qui correspond précisément à l’attente de la population. En ce sens, c’est un bon point pour l’hôpital qui retrouve de son aura.
Cependant, Jean-Michel Suignard note un gros changement de comportement. « A la première vague, le personnel hospitalier avait été très sensible aux messages de soutien de la population. Cette fois-ci, il n’y a plus cet élan populaire alors que les soignants sont confronter aux mêmes difficultés. Car croyez-moi, la période actuelle est très difficile, les agents sont très fatigués même si nous allons recevoir du renfort des élèves infirmiers ».
Effectivement, au premier confinement, les gens applaudissaient au balcon, au bas de chez eux. Où est passée la solidarité nationale alors que le personnel soignant est toujours aussi courageux, « il se bat tous les jours » insiste le directeur. Même constat pour les EHPAD de l’hôpital où fort heureusement, aucun cluster n’est à déplorer.
Le 31 juillet dernier, Christine Ungerer, directrice du GHT (groupement hospitalier du territoire) redoutait l’arrivée de la deuxième vague. Une infirmière stipulait : « J’espère qu’il n’ y en aura pas, c’est usant ». Raté !
Et le pire est à venir.
Jean Bernard
Un grand merci au personnel hospitalier , je leur souhaite énormément de courage pour les jours à venir !!! Dans votre article vous écrivez : ou est passée la solidarité nationale . On entends à la télévision les gens se plaindre : on ne peut plus sortir , on perds de l’argent , etc…. Mais , la vie est donc si peut précieuse pour certain ? Pour ma part , je pense que l’on aurait du avoir un confinement total , comme pour la première vague . Oh , je sais certain vont penser que je fais parti de ceux qui écoute trop les médias . Qu’un confinement total va nous couter trop chers , que l’on va perdre de l’argent . Mais , si vous prenez le temps de réfléchir , avec tous ces décès qui touchent les personnes âgées , le gouvernement va bien remplir ces caisses : moins de retraites à payer !!!! Sommes nous arriver à un stade ou l’on privilège le bien être , les vacances à la vie humaine ?
Bis repetita. « Prenons le temps de réfléchir » : « avec tous ces décès, moins de retraites à payer ». Donc logiquement, vous nous dites qu’il faut finalement laisser faire la maladie pour que les décès aient lieu???
Qu’est-ce que la VIE? Jusqu’à présent, Elle n’a pas trouvé le moyen d’offrir l’éternité aux individus. Peut-être un arbre détient ce secret, mais rien d’autre. Même les tortues finissent par mourir.
Un virus fait entièrement partie de la Vie. Nous ne pouvons en l’état actuel de nos capacités de soins, de nos connaissances médicales, seulement le ralentir pour éviter un débordement ; mais nous ne pouvons pas éviter le combat entre le système immunitaire et la pathologie, dont certains, plus fragiles n’en sortent pas.
Selon les stoïciens, la Vie passe par l’acceptation de la Mort. Tout dépend donc si vous regardez la vie selon un Individu, ou la Vie dans son ensemble planétaire. Et si ce virus participait à un léger (car franchement, ce n’est pas l’hécatombe de la peste du XIVe, même pas les 20 à 50 millions de morts de la grippe espagnole!) un léger réajustement du trop grand nombre d’êtres humains sur la planète? (car ne l’oublions pas, nos activités sont en train de détruire notre habitat : sécheresses, canicules, incendies, pollutions, liquidation des matières premières, famines….. et donc détruire in fine la Vie que nous chérissons tant).
Et il est donc probable qu’un nouveau confinement dur et généralisé fasse 1000 fois plus de morts à cause du chômage de masse et de la solitude et de l’impossibilité de soigner les cancers, les troubles cardiaques, etc…..
Si on en est là, c’est bien à cause du démantèlement du système de soins depuis 25 ans. Alors pourquoi seraient-ce les mêmes, les gens qui n’ont rien demandé, qui devraient encore et toujours payer la facture?
Protégeons les personnes fragiles et laissons tranquille les personne en bonne santé testées négatives ; car en plus, il y a un paradoxe : nous devons atteindre une immunité collective pour que ce virus devienne moins virulent, donc il faut que le virus circule tout de même, car c’est le seul moyen tant qu’il n’y a pas de vaccin.
2 petits éclaircissements ; 1) l’État ne paye pas seul les retraites. L’AGIR-ARRCO est privé et concerne quelques 20 millions d’individus. Les retraites du public sont entre autres la CNRACL et l’IRCANTEC.
2) La majorité des français respectent les règles. Ce n’est pas parce qu’une minorité fait n’importe quoi qu’il faut pénaliser tout le monde. La logique veut que l’on punisse uniquement les hors-la-loi. Encore faut-il en avoir les moyens et la perspicacité! C’est l’éternel problème de la paresse de faire toujours au plus facile.
Et si l’immunité était très aléatoire dans le cas de la Covid ?
Que publie l’ OMS ?
https://www.who.int/fr/news-room/q-a-detail/herd-immunity-lockdowns-and-covid-19
« »Si les personnes infectées par le virus du SARS-CoV-2 produisent des anticorps et développent une immunité, nous ne savons pas encore combien de temps elle dure » »
Restera la sélection naturelle pure et dure ?
En effet, pour la covid-19 spécifiquement, il est impossible d’avoir suffisamment de recul pour mener des études précises, ce virus étant nouveau. Mais si on s’appuie sur l’ensemble des données générales des maladies respiratoires infectieuses virales (je ne parle pas des bactéries car c’est légèrement différent), il y a de quoi être rassuré : https://www.college-de-france.fr/site/alain-fischer/La-memoire-immunitaire.htm ; je cite : « La persistance de lymphocytes T et B mémoires sur DES DIZAINES d’années a aujourd’hui été démontrée »
Y aurait-il une raison qu’il en soit autrement pour ce cousin des autres coronavirus déjà en circulation? Il peut demeurer légitimement un doute, pourquoi pas une exception, mais comme écrit dans un post précédent, il semble y a voir corrélation entre les RÉGIONS (j’insiste sur ce mot, pays est trop vaste pour se faire une idée précise) les plus touchées lors de la première vague qui le sont beaucoup moins à présent et inversement, celles qui n’avaient pas connu la circulation du virus, le prennent de plein fouet aujourd’hui. (En Europe, comparons ce qui est comparable : climat, génotype de la population, système de soin, pyramide des âges, modes de vie socio-économiques….). Une chose est certaine, il faut laisser le temps à l’immunité adaptative de ….. s’adapter. Et la même OMS dit : Tester, Isoler les positifs, Traiter les malades, le b.a-ba de la médecine infectieuse, donc on ne laisse pas complètement faire la sélection naturelle. Mais apparemment, notre pays n’aurait donc plus les moyens de faire ainsi……. misère quand tu nous tiens……
Si le virus peut toucher chacun d’entre nous, certains sont plus à l’abri de la misère que d’autres
Merci Philo
J’apprécie particulièrement vos contributions éclairées.
Par sélection naturelle, je voulais dire que la Nature allait peut être faire un tri en restant au delà des capacités humaines…..
La solidarité de la population au personnel soignant a disparu ??? Comment peut on être solidaire quand on sort , prends l’ascenseur, rends visite aux voisins-voisines ou on reçoit membres de la famille SANS MASQUE…… rien à faire des soignants, des malades, des morts, des familles dans le deuil. Ben oui tout ceci dans un immeuble Résidence à Montceau….alors normal que la solidarité n’existe pas.
La solidarité populaire a disparu, certes.
Mais le Ségur de la santé a-t-il porté ses fruits ?
soutiens confiné à tous les personnels soignant, docteur, infirmier, aide soignante et femmes de ménages qui assurent la propreté des lieux de soins