Il est vrai que les propos liminaires du président de la communauté urbaine, David Marti, ont posé le décor. « Mes chers collègues, je vous le dis, l’heure est grave et difficile ». Dans la salle des fêtes de Saint-Sernin-du-Bois, on entend les flocons de neige tomber.
Pourtant, dans l’exercice du débat d’orientation budgétaire, c’est justement l’occasion de laisser libre cours à ses inspirations. Mais le ton n’y est pas, les idées semblent enfouies sous une couche de neige de circonstance. Et comme d’habitude, dans l’opposition, un seul prend la parole, Charles Landre qui va croiser ses skis dans une poudreuse bien dense. Sans prendre de gadin néanmoins.
L’exercice en ce jeudi 21 novembre 2024 est difficile à maîtriser. Certes, on connaît les tenants, le gouvernement Barnier a besoin de 60 milliards d’euros d’économie pour redresser les finances publiques et il a même annoncé ponctionner les collectivités de 5 milliards. A la CUCM y dans la grande majorité des maires réunis cette semaine en congrès à Paris, la pilule a du mal à passer. « Ces 5 milliards résonnent comme un coup de tonnerre » atteste Laetitia Martinez (majorité).
Sur ces constatations, la CUCM se verrait amputé de 3 M € dans le fonctionnement, c’est-à-dire, pour bien comprendre, l’équivalent de la suppression de 60 à 70 emplois au sein de la communauté urbaine.
A ce stade, tout n’est que supposition puisque le budget présenté par le gouvernement a été rejeté et c’est le Sénat (de droite) qui finalement va se charger de l’établir. D’une manière ou d’une autre, des économies sont inévitables et les collectivités vont trinquer mais à quelle hauteur exactement ?
Sans augmenter les taux d’imposition
Dans ces conditions, sans connaître les aboutissants, il devient difficile d’orienter le budget 2025 de la CUCM qui logiquement doit être voté le 19 décembre prochain. Ces incertitudes pourraient même conduire le président David Marti à reporter ce vote à 2025. Tout va dépendre de la tournure des événements. Même Michel Barnier se tient prêt à faire ses valises.
C’est donc, ni avec entrain, ni sérénité que Daniel Meunier, premier vice-président en charge des finances, esquisse les premiers mots du débat d’orientation budgétaire et commence par annoncer les principales mesures qui devraient impacter le budget 2025 et forcément appauvrir les ratios financiers. L’épargne nette (autofinancement des dépenses d’investissement) passerait de 4 M € à 1.7 M € et la capacité de désendettement, évaluée à 6.7 années grimperait à 8.5.
« Nous veillerons à maintenir des efforts afin de contenir les charges de fonctionnement de la collectivité mais aussi de poursuivre les actions permettant de moderniser les pratiques de l’action publique » annote Daniel Meunier. Il est fait aussi le choix de poursuivre les investissements même si la trajectoire financière a été réajustée pour la fin du mandat et sans augmenter les taux d’imposition sur les impôts économiques et des ménages. « Nous aurons recours à l’emprunt » ajuste le premier vice-président.
L’intervention de Charles Landre (opposition) n’apporte pas vraiment de l’eau au moulin, conscient que « nous nous trouvons dans une situation instable et inédite ». Comme les dotations de l’Etat vont baisser à cause de la baisse démographique, « que la CUCM devra faire des économies, il faudra dégager des ressources supplémentaires ». Sa solution est de repeupler la CUCM avec notamment les 800 personnes qui travaillent sur le territoire mais habitent le Grand Chalon. Il s’interroge toutefois sur la hausse du coût d’aménagement de la place Schneider au Creusot qui passe de 2.2 ou 2.3 M € à 3.8 M € (le coût de la construction qui évolue, lui répond David Marti), sur le réel besoin de deux cinémas (au Creusot et à Montceau), deux projets portés par un privé pour qui la communauté va investir 3 M € d’aménagements extérieurs. Mais, au moins, Charles Landre partage le sentiment de la majorité, « l’avenir n’est pas à ponctionner les collectivités ».
Donald Trump et Elon Musk inspirent
Rendre coupables les collectivités de la dette de la France, cette déclaration qui émane du président de la République, de certains ministres aussi, même si le Premier ministre, Michel Barnier ne partage pas cet avis, « c’est montrer du doigt les collectivités. Il y a une défiance de l’ Etat vis à vis de nous. Comme l’a dit Laetitia Martinez, c’est une question de confiance, d’un état d’esprit » déclare David Marti. Il y a de quoi être inquiet quand Guillaume Kasparian, ministre de la Fonction publique « veut s’inspirer des méthodes de Donald Trump et Elon Musk » ajoute-t-il.
Apparemment, le gouvernement ne semble pas comprendre que les collectivités portent 70% de l’investissement public. « Imaginez l’effet de déflagration sur le bâtiment alors qu’on annonce des licenciements notamment dans l’automobile et l’industrie » souligne le président qui durcit le trait quand il évoque les budgets du gouvernement établis sur des recettes illusoires alors que la croissance n’est pas au rendez-vous. « pour faire des cadeaux aux entreprises, il faut avoir les moyens ».
Il prend encore l’exemple de la suppression de la taxe d’habitation, 23 milliards en moins payés par l’Etat à la place du contribuable. « Mais l’habitant va payer bien davantage avec le non remboursement de certains médicaments, la TVA qui va augmenter comme la taxe foncière, subir une baisse des services publics. La suppression de la taxe d’habitation est un échec. La fiscalité n’est pas inutile ».
Malgré toutes ces difficultés, le CUCM entend bien continuer à investir, « même si monsieur Landre dit qu’il faut arrêter. Mais ce n’est pas possible. Nous serons à plus de 100 M € d’investissements à la fin du mandat ».
David Marti est loin d’être serein, il serait même anxieux car de 5 milliards d’euros, la note pourrait passer à 11 milliards, « car ce sont toutes les collectivités, grandes et petites qui vont être concernées ».
Joli cadeau de Noël !
J.B.
Allons nous avoir moins de chicanes moins de dos d’ânes moins de plots dans les coins moins de bordures hautes moins de bandes vertes éphémères moins d’espaces d’élevage de sauterelles ou de dépôts de crottes de chien moins de plans banlieues moins d’accueil d’herboristes exotiques moins d’aides dites sociales dans les quartiers protégés moins de subventions aux associations.
De quoi réduire les prélèvements
Rien n’empêche nos très chers élu(e)s de la CUCM de diminuer leurs revenus aussi. Ceux qui cumulent de nombreuses fonctions ont de quoi largement voir venir la fin du mois. Et ceux qui sont élus et ne se déplacent pas aux divers conseils communautaires…..peut être faudrait il envisager de retirer purement et simplement l’offrande offerte par cette collectivité?