Communiqué de la CGT du bassin montcellien.
LE DÉCONFINEMENT N’AURAIT-IL PAS DÉJÀ COMMENCÉ ?
Nous entendons bien la petite musique qui s’installe dans l’environnement médiatique…
Le déconfinement n’aurait-il pas déjà commencé avec un gouvernement qui tient un discours schizophrénique : en tant que citoyen-nes nous sommes prié-e-s de rester à la maison mais en tant que travailleur-euses nous devons reprendre le travail à l’usine ou au bureau.
Pour preuve, depuis le 19 mars, nous sommes dans cette rengaine : Muriel Pénicaud accuse de «défaitisme » le secteur du BTP, qui a interrompu les chantiers. « Arrêter d’aller bosser, arrêter de faire vos chantiers, ça c’est du défaitisme. » « Les entreprises qui ne jouent pas le jeu, qui se disent “l’État paiera”, ce n’est pas du civisme », ajoute-t-elle, en menaçant de leur supprimer le chômage partiel.
D’autres appels à reprendre le travail sont lancés par les ministres. Quelques jours avant, le 16 mars, le conseil scientifique expliquait dans un avis que « seules doivent persister les activités strictement nécessaires à la vie de la Nation ». Et tous les soirs, le directeur général de la santé répète le même message : « Rester chez soi, c’est agir contre le virus, c’est sauver des vies. »
La communication officielle cible maintenant les mauvais citoyens qui ne respectent pas le confinement avec plus de 530 000 amendes déjà distribuées au 8 mars pour un montant de 71 550 000 €. « Un pognon de dingue… » il n’y a pas de petits profits !
En tant que citoyen, je risque de me faire verbaliser si je me promène tout seul dans la forêt à plus d’un kilomètre de chez moi, alors qu’objectivement cette situation ne présente aucun risque de contamination ni pour moi ni pour les autres. Par contre en tant que travailleur on me force à travailler avec 30, 50 ou 150 collègues dans la même entreprise, les mesures barrières étant censées stopper le virus. Comment éternuer dans son coude pendant qu’on travaille comme opérateur à la machine ?
Comment être sûr que les poignées, les tables et les parties communes soient systématiquement et régulièrement désinfectées ?
La CGT relève qu’il y a beaucoup d’entreprises qui font signer des attestations illégales aux salariés pour dégager leur responsabilité en cas de contamination. C’est donc bien qu’elles reconnaissent qu’il y a un risque ! Évidemment on ne peut pas accepter que des gens se comportent de mauvaise manière. Ce que nous déplorons, c’est que pour les entreprises il n’y ait suffisamment pas de contrôle et aucune sanction en cas de non-respect des mesures barrières.
En France on n’a pas de masques, pas de blouses, pas de tests mais on a des idées…Ainsi à l’inverse de nos voisins italiens et espagnols, notre gouvernement et le patronat veulent impérativement que le travail reprenne. Le monde du travail est frappé de plein fouet, ce qui ne l’empêche pas d’assumer ses responsabilités, notamment pour soigner les malades et assurer les
besoins essentiels.
Chaque jour qui passe conduit à mesurer davantage l’ampleur des ravages des politiques d’austérité en particulier en matière de santé. Alors que les hôpitaux sont fortement sollicités, pour beaucoup saturés, alors que la pénurie en matériels de protection touche y compris les personnels soignants, il y a urgence à prendre des mesures fortes pour protéger la santé du plus grand nombre et éviter, autant que possible, l’engorgement du système de santé. A petite échelle, notre Hôpital, dit de Montceau, en
est un parfait exemple !
Depuis plus de trois semaines, la CGT demande l’arrêt des activités non-essentielles à la satisfaction des besoins vitaux de la population. Elle demande la réquisition des stocks de matériels de protection détenus par le patronat, dans ces unités de production, et leur affectation aux personnels soignants et travailleurs des secteurs essentiels.
Elle demande la reconversion et la diversification provisoires, voire pérennes, des unités de production pouvant engager rapidement la fabrication des matériels médicaux utiles à la santé de nos concitoyens et des populations mondiales.
Pour certains le coronavirus c’est une boule avec des pointes, une courbe d’infections qui monte ou un tableur Excel comptant les lits encore disponibles aux urgences. Pour nous le virus a un visage familier, celui de notre Camarade Régis KOPEC décédé après trois semaines de lutte contre le Covid19, ou celui de notre mamie qui s’est éteinte seule à l’EHPAD.
Nous ne les oublierons pas, notre rage et notre colère ne resteront pas confinées éternellement.