« Soit dit en passant, connaissez vous l’essai de Montaigne sur la mort, dans lequel il recommande de vivre dans une chambre dont la fenêtre donne sur un cimetière ? Car pour lui, cela permet de bien garder en tête les priorités de la vie« .
Et Nietzsche a pleuré (2007) de Irvin David Yalom
La mort fait partie de la vie et le cimetière, au-delà d’une ombre au tableau, est pour beaucoup un coin de terre où rien ne bouge, tout est figé.
Figé depuis le 16 mars dernier, quand les grilles du Bois Roulot et du Bois Garnier à Montceau-les-Mines ont interdit au soleil de réchauffer ces plaques de bronze et ce marbre noir, ces cimetières qui veulent dire repos, un mot qui calme la douleur.
Alors ce samedi, ce fut la renaissance pour ces proches qu’un funeste destin a conduit en ces lieux, où le souvenir, la mémoire furent privés de cette ombre penchée au-dessus d’eux.
« C’est la tombe de ma fille. Elle est morte elle avait cinq jours » parle cette maman trop contente de revoir ce petit bout de carré blanc. « C’est un cri de soulagement, j’étais impatiente de revenir avec ma maman » précise-t-elle. La grand-mère venait tous les deux jours. « C’est une jolie tombe, ça fait du bien d’être là ».
« Ma maman est enterrée au milieu des vieilles tombes. Vous savez, on a tous perdu quelqu’un. Au bout d’un mois et demi, ça me manquait » admet cette jeune femme. Quinze jours déjà qu’elle tentait auprès de la mairie d’obtenir un droit de visite. « Alors expliquez-moi pourquoi nous ne sommes que dix par heure à pouvoir nous recueillir sur les tombes alors qu’ils sont près de 900 au marché ce samedi matin. Vous y comprenez quelque chose ? » interroge-t-elle.
Rouvrir les cimetières à Montceau-les-Mines, samedi après-midi et dimanche matin, c’est rétablir l’ordre des choses.
Les âmes se trouvaient bien seules.
Jean Bernard
Les cimetières ne sont d’ordinaire pas des lieux d’affluence. Pourquoi concentrer les visites sur 2 jours et par là même augmenter la densité de population en un lieu?
Quand je vois ces photos de cimetières Français aussi peu accueillant et effrayant je comprends ce que voulait dire Montaigne. On a tout à inventer pour en faire des lieux de repos dignes et tout à envier des cimetières Américain avec leurs étendues de pelouse et l’ombre d’arbres centenaires. J’espère que notre retour à la nature va nous permettre de créer ce genres de lieux pour fuir nos étendues de bitume et nos tombes mises les unes sur les autres.