« J’ai passé des nuits à ne pas dormir » confie Alain Robert, le maire de Ciry-le-Noble. Car depuis la découverte en mars dernier que sa commune allait probablement voire même certainement accueillir des détenus en fin de peine dans une ferme située au quartier de Rozelay, que les habitants avait déjà formé un collectif contre ce projet, les jours et les nuits du premier magistrat ont plongé dans la plus totale désolation.
Il a beau eu expliquer dans la foulée devant la population « qu’il ne savait pas », sa parole fut sérieusement mise en doute. « Je suis passé pour une bille » estime-t-il huit mois après. En mars, il disait encore totalement dépité, « les gens de Ciry ne savent pas ce qui se passe et moi non plus ».
Hier soir encore, Alain Robert et son conseil municipal avait convié les Cirysiens à la salle dite EDF à Rozelay pour une communication importante au sujet de cette ferme d’insertion. Il faudra néanmoins attendre la toute fin de sa prise de parole pour comprendre et entendre de la bouche d’Alain Robert que le projet de la ferme d’insertion est abandonné.
Dans la salle, une partie de l’assemblée s’est levée pour applaudir et même pour certains crier : « Merci monsieur le maire ! »
Imaginez les soulagements des habitants et plus particulièrement ceux de Rozelay.
Alain Robert a quand même l’art de tenir en haleine son auditoire. Il n’annoncera pas d’emblée la bonne nouvelle. Il retracera, pratiquement à la virgule près, la réunion à laquelle il a assisté avec son adjoint à la préfecture le 5 novembre dernier en présence de toutes les parties concernées par cette affaire aussi bien du côté pénitentiaire, de la justices et du principal intéressé, Patrice Sarrazin, président de l’association des Fruits de la terre, à l’origine de tous les maux du maire de Ciry. Association qui a acheté cette ferme au lieu dit Les Vieux Porrots à Rozelay.
« Le préfet s’est même fâché »
indique le premier adjoint
Cette réunion début novembre, conduite par le préfet Yves Séguy avec à ses côtés, Jean-Baptiste Constant, sous-préfet d’Autun, a permis à Alain Robert de collecter des informations qu’il n’avait pas ou d’apprendre de la bouche de Patrice Sarrazin « que Rozelay est un quartier pauvre », que les détenus qui devaient intégrer cette ferme, purgeaient des peines de 7 à 20 ans, qu’en cas de problème, une intervention serait possible en moins de 30 minutes, que ce dispositif de ferme d’insertion existe depuis de nombreuses années et qu’il a fait ses preuves, que finalement cette ferme à Rozelay répondait à tous les critères pour accueillir des détenus en fin de peine.
Vu sous cet angle, le projet avait toutes les chances d’aboutir quand bien même le maire de Ciry a défendu bec et ongles son territoire balançant au président des Fruits de la terre « vous êtes malhonnête car vous ne m’avez jamais dit qui vous aviez signé un compromis de vente pour la ferme aux Porrots (…) que ce projet risquait de stopper toute la dynamique de la commune, que des enfants ont déjà changé d’école (la ferme est à moins de 500 mètres du groupe scolaire), que des maisons sont déjà en vente, que la gendarmerie la plus proche est à 20 km ». Il a rappelé que le 8 avril dernier, le conseil municipal s’était prononcé contre cette ferme d’insertion.
Depuis avril, Alain Robert n’a pas baissé les bras, il a remué ciel et terre, il a contacté les parlementaires, députés et sénateurs, la présidente des maires de Saône-et-Loire, Marie-Claude Jarrot, il a reçu le soutien de David Marti, président de la CUCM. « J’ai tous les courriers qui m’informait que ce n’était pas un bon projet » a indiqué le préfet le 5 novembre.
Yves Séguy a surtout porté haut et fort sa voix. « Il s’est même fâché » ajoute Marc Dumas, le premier adjoint. « Nous sommes devant une succession de maladresses de l’association Les Fruits de la terre. Ne pas travailler avec les acteurs locaux, c’est leur faire injure » stipule-t-il et il annonce, à ce stade, le projet est arrêté. Il aurait fallu travailler plus en amont, ne pas se liguer contre la population. Le projet ne peut pas se faire, il est annulé définitivement ». A la Safer désormais de trouver une porte de sortie avec l’association qui se retrouve avec une ferme sans vaches, ni détenus.
Voilà, c’est dit, Ciry-le-Noble et le quartier de Rozelay peuvent dormir sur leurs deux oreilles et le maire, soulagé, dire enfin : « on a gagné ! » et remercier tous ceux qui l’ont aidé y compris le collectif. « J’ai envoyé un courrier à tous les élus et parlementaires pour leur dire merci » précise-t-il à la fin de la réunion.
En revanche, si la ferme prison ne se fait pas à Ciry-le-Noble, qui sera la prochaine cible ?
J.B.
Ciry-le-Noble – « Une catastrophe pour la commune » – L’infoRmateur de Bourgogne
bon debut, mais à voir aussi du coté des centres d’hébergement de migrants, des logements gratuits pour étrangers, des accueils de mineurs isolés etc.
ça m’a l’air bien calme au niveau réactions du coté de Montceau