Les prix de l’essence atteignent, dans le sillage des augmentations du prix du diesel et de l’énergie, un niveau stratosphérique et provoquent une exaspération légitime.
La taxation systématique sur l’énergie est en effet extrêmement violente et particulièrement pour ceux qui travaillent loin de leur domicile ou habitent en zone rurale ou dans les villes moyennes.
Les français subissent des choix comptables de l’exécutif qui considère qu’ils sont les variables d’ajustements des déficits publics et d’une politique environnementale indéfinie et de fait non assumée (sinon pourquoi, comme de nombreux pays, ne pas interdire par exemple la vente de véhicules diesel neufs ?). Cela semble plus facile depuis Bercy de taxer les automobilistes que de mener une vraie lutte contre l’exil fiscal qui représente 60 à 80 milliards d’euros chaque année.
Alors que la fracture territoriale est d’abord une fracture de la mobilité, la hausse du prix des carburants touche les plus éloignés de tout. Ceux qui n’ont pas le choix. Ceux pour qui aucune alternative n’existe. Ceux qui ont besoin de leur voiture pour vivre et travailler.
Après avoir fait montre de son incapacité à comprendre cette réalité, le président de la République invente maintenant un nouveau chèque énergie.
Au lieu de penser des politiques d’aménagement du territoire justes et préparer les mutations nécessaires de notre modèle énergétique, c’est le retour du vieux réflexe comptable qui consiste à taxer pour contraindre.
Les oppositions, dans le même esprit, proposent, jusque dans ma famille politique, un chèque carburant. Soit une nouvelle usine à gaz.
Ces propositions de réaction à la colère qui monte ne sont en aucun cas des réponses politiques. Elles ne constituent pas l’amorce d’un projet et traduisent le sentiment d’impasse politique que ressentent de nombreux français.
Parce que si le sentiment d’injustice est si fort, si la colère gronde, si elle trouve un écho, si peut-être le 17 novembre, des gens se rassemblent massivement, quelle que soit la tentative de récupération qu’en feront les plus cyniques, ce sont les symptômes de la vacuité de la proposition politique de notre époque.
Notre pays ne peut plus vivre de la gestion des colères à la petite semaine. Cela suffit. Le détachement avec lequel le gouvernement aborde le sujet traduit une forme de mépris pour ceux qui vivent hors des grandes métropoles. Le «chèque » agité par les autres est le symbole de ce mal français: céder à la tentation du court terme et préférer les phrases creuses et les réponses rapides aux transformations durables et comprises par tous.
Nous sommes dans une période de transition, trouble, douloureuse, où les équilibres sociaux, économiques, environnementaux, culturels, sont bouleversés. Nous nous trouvons entre deux mondes. Nous quittons une époque où la promesse du salariat pour chacun était la règle, où les questions de l’énergie et de l’alimentation semblaient secondaires, où les services publics essentiels paraissaient assurés sur tout le territoire et où les administrations se développaient sans relâche. Nous entrons dans autre chose, une autre époque dont il est vital de construire les règles.
Ce n’est pas pensé, ce n’est pas préparé, ce n’est pas fait.
Alors les colères d’une France qui souffre de subir la politique de la taxe plutôt que de participer à une société portée par un projet politique s’agrègent. Le pays a besoin de respirer. La jeunesse a besoin de percevoir, dans le discours, le sens de notre organisation sociale.
Pour répondre aux enjeux sociaux, économiques, agricoles, énergétiques environnementaux, migratoires, il faut des idées claires. Pas des slogans, des idées pour que notre société ne continue pas de se fracturer, et pour construire une société juste où les projets individuels et collectifs redeviennent possibles. En cette semaine de commémoration de la Grande guerre, souvenons nous que c’est l’ambition qui traversa notre pays, par deux fois à genoux. Il s’est relevé, porté par des projets politiques qui marquent encore aujourd’hui profondément la France et la vie des Français.
C’est l’esprit que nous devons retrouver. C’est une question de volonté.
Charles Landre
Bravo Charles! Effectivement, il y en a marre de ces petits politiciens de tous bords qui prennent en otage leurs concitoyens en permanence dans les méandres de petites politiques sans espoir.
Et ces prises d’otages sont toujours basées sur le même type de chantage: la République, dans votre intérêt vous laisse le choix entre la gifle et le coup de bâton! Et il y a toujours un joker: l’usine à gaz administrative qui amortira pour certains la puissance de la gifle et pour d’autres l’impact du coup de bâton et tant pis pour les autres!
Pour que la République survive, il lui faut de la clarté, de la simplicité et de la cohérence, or la politique est devenue au cours de ces dernières années le terreau de l’incohérence, de l’injustice, la vraie, pas celle des jeux de mots sur la scène théâtrale des prétoires qui participent au déclin de notre société.