Chevalier de la Légion d’honneur – Roger Joly, un Résistant à la beauté de l’âme

La Légion d’honneur se veut le reflet d’une société aux multiples visages. Le million d’hommes et de femmes qui l’ont rejoint à travers 222 ans d’existence la rendent célèbre en France et dans le monde entier. Elle est « la récompense de mérites éminents acquis au service de la nation ».

Remettre la Légion d’honneur à Roger Joly, c’est probablement la plus belle chose qui vient d’arriver en cette fin d’année 2024. Il est arrivé aux bras de ses petites filles sous une haie de drapeaux des associations combattantes avant de faire son entrée au salon Erignac à la préfecture de Mâcon comme un preux chevalier des temps modernes qu’il a été au courage et à l’honneur inébranlables.

Le 6 septembre dernier, date anniversaire de la libération de Montceau-les-Mines, Roger Joly recevait la médaille de la ville. Mais « cet homme d’exception qui fut un héros de l’ombre et un gardien de notre mémoire collective » rappelait le préfet Yves Séguy, méritait bien davantage, la plus haute décoration française, la Légion d’honneur.

Né le 16 mai 1925 à Montceau-les-Mines, Roger Joly a été plus prompt à s’engager dans le maquis de Collonge-en-Charollais pour libérer son pays que la France ne l’a été pour le décorer de la Légion d’honneur. A 19 ans, il participe à des missions cruciales pour harceler l’ennemi, il prend part à la bataille de Saint-Micaud le 2 août 1944 puis Cluny le 11 août et à la libération de Mâcon en septembre avant de rejoindre les forces régulières dans le 5e régiment de Dragons jusqu’en 1947.

« Votre engagement ne s’arrête pas là. Après les champs de bataille, la République chevillée au corps, vous continuez sur le chemin de la mémoire, une mission personnelle en partageant vos souvenirs avec les collégiens. Avec vous, le flambeau est resté allumé » mentionnait le préfet.

A bientôt 100 ans, celui que ses camarades et madame le maire de Montceau surnomment affectueusement « ma beauté », est un modèle d’engagement « pour notre département, à notre pays » indiquait encore Yves Séguy. « Vous êtes une source d’inspiration des valeurs de notre République. Aujourd’hui, la France vous honore ».

Roger Joly n’a jamais failli, de son coeur a toujours jailli cet éclair pour combattre le nazisme. « Tu as dit non à l’occupant » lui rendait hommage, Patrice Jacob, président départemental de l’ANACR (association nationale des anciens combattants).

« Ma beauté, te voilà chevalier de la Légion d’honneur dans une ville de Montceau qui est médaillée de la Résistance. Tu fais encore plus briller notre ville » exprimait avec délice, Marie-Claude Jarrot pour cet homme d’exception, devenu une figure montcellienne, au regard et à l’esprit vifs.

Comme beaucoup à Montceau, après la guerre, Roger Joly a travaillé à la mine, aux puits Plichon et Darcy pendant 23 ans. Il a tenu avec Juliette, son épouse, un café; « L’annexe » pendant 49 ans, rue Jean Jaurès, juste à côté du Syndicat des mineurs, « sa maison mère, là où on causait beaucoup » rappelait le maire. « Roger a toujours été ouvert vers l’autre, il est la beauté de l’âme » affinait elle.

Avec sa médaille de la Légion d’honneur sur le coeur, Roger Joly a parlé avec l’attachement d’un homme pour son pays. « Mon père m’a toujours dit d’aller à l’école pour apprendre. A l’école, j’ai obéi, écouté et chanté la Marseillaise. Le maquis, c’est une autre histoire ».

Oui, on en reparlera. On a encore le temps.

J.B.