Chez le manufacturier blanzynois, on se veut à la pointe de la transition énergétique.
Après le projet Hydraloop, lancé en mai dernier pour économiser 80 % des prélèvements d’eau, c’est un autre chantier d’envergure qui voit le jour, la construction d’une chaufferie bois-énergie, dont la première pierre vient d’être posée.
L’entreprise clermontoise, pionnière dans la conception de pneumatiques, entend également jouer un rôle de premier plan dans la stratégie de l’efficacité énergétique. Grâce à cette nouvelle installation, le site de Blanzy évitera chaque année l’émission de 10 000 tonnes de CO₂, soit l’équivalent de 5 000 voitures retirées de la circulation.
On se souvient encore de l’Accord de Paris signé il y a 10 ans (COP21), qui visait à réduire les émissions de gaz à effet de serre et à atteindre la neutralité carbone à l’échelle mondiale. « Il ne fallait pas dépasser 1,5 °C de réchauffement, or nous l’avons déjà franchi », rappelle Sylvie Jéhanno, présidente-directrice générale de Dalkia, partenaire du site Michelin Blanzy. « D’où l’importance de décarboner l’industrie rapidement. En France, la production de chaleur représente un peu plus de 45 % des émissions. Décarboner, c’est consommer moins, et consommer mieux. »
Dans le cas présent, le bois-énergie, issu des déchets de scieries et transformé en plaquettes forestières, constitue une source renouvelable précieuse, particulièrement lorsqu’il provient des environs du site.
« Le Morvan chauffait Paris il y a trois siècles. Aujourd’hui, il rayonne dans un rayon de 120 km », souligne Adrienne Krzakala, directrice régionale de l’ADEME Bourgogne–Franche-Comté, l’agence de la transition écologique. D’où l’importance, selon elle, d’accompagner la filière sylvicole : « Il faut produire du bois en France… et le garder chez nous ».
Mais un bémol vient assombrir ce tableau prometteur. « Nous avons 1,4 milliard d’euros de projets à l’étude, mais notre budget a été réduit à 800 millions d’euros », alerte-t-elle. « Résultat : 50 % des projets industriels ne se réalisent pas ». L’ambition est une chose… les moyens en sont une autre.
Malgré tout, Michelin affiche sa détermination. Grâce à cette nouvelle chaufferie bois-énergie d’origine italienne et dont la mise en service est prévue à l’été 2026, « nous réduisons de manière significative notre dépendance au gaz et nous nous rapprochons de notre objectif de zéro émission nette », assure Antoine Sauternet, directeur du développement durable monde chez Michelin.
J.B.
Chiffres clés
_ 10 000 tonnes de CO2 évitées
_ 5.3 MW de puissance pour la chaufferie
_ 80% de décarbonation du site Blanzy
_ 9.3 M € d’investissement total
_ 3.1 M € de subvention de l’ADEME











