Souvenez-vous, c’était le 16 janvier dernier, La Sardine, embarcation pourrie quittait les berges du canal du Centre à Blanzy pour un dernier voyage sur un semi-remorque et finir au cimetière des bateaux.
A proximité, en équilibre instable, couché sur le flanc, une autre carcasse gisait. Un voilier. Sans doute allait-t-il rejoindre La Sardine sous peu.
Une fois l’eau dans le canal revenue, le voilier a repris fière allure. Son heure n’était pas venue, il en avait encore sous la quille.
Ainsi, par hasard, passe sur les eaux, un marin, Jeff Filliettaz. Il navigue et aperçoit le voilier. Son premier réflexe, connaître le propriétaire et s’adresse à VNF (voies navigables de France). « J’ai donc pris contact avec madame Vermeulen, son mari est décédé. Elle me dit : redonnez vie au bateau ». Elle lui cède pour 1 € symbolique.
Tout compte fait, même si le voilier baptisé Tomelek est resté pas loin de deux ans sans entretien, il n’a pas vraiment souffert. Il n’a même pas été vandalisé. « Tout est resté à l’intérieur, la radio, le GPS, le pilote automatique » raconte Jeff Filliettaz. Il est Suisse, a un pied à terre à Genève mais passe sa vie sur les bateaux. Le sien est d’ailleurs amarré à Digoin.
Un modèle de voilier désigné sous le nom de Champagne
Voilà donc deux mois qu’il a pris possession du Tomelek et s’atèle à lui redonner vie, une seconde jeunesse et, d’ici quelques jours, le faire naviguer. C’est un voilier de mer, alors notre marin suisse mettra le cap sur le Maroc en passant par Paris et le Havre.
Le voilier a néanmoins besoin d’un bon rafraîchissement. « J’ai tout repeint _ ce n’est pas tout à fait terminé _ , je refais le pont en teck, l’intérieur également » stipule l’homme de 72 ans.
Il a bourlingué sur les canaux et les mers. « J’étais marinier, j’ai possédé deux péniches de 38 mètres pendant 17 ans ». Il transportait de la bauxite, un coup de Sète à Anvers, un coup dans l’autre sens. Il a aussi barré des cargos. Aujourd’hui, il est à la retraite.
Derrière ses lunettes rondes au carénage orange, Jeff Filliettaz parle de son bateau comme d’un joyau. Ce voilier a d’ailleurs une histoire. Il a été construit par son propriétaire, « monsieur Vermeulen qui était architecte naval » conte-t-il. Ce modèle, « il lui avait donné Champagne comme appellation » précise-t-il encore.
En revanche, pas question de changer le nom du voilier. Tomelek il était, Tomelek il restera. « Sinon, ça porte malheur ». Il lui reste cependant a récupérer le mât. Il est à Pierrelatte et fait 14.40 mètres.
Ce voilier de 11 mètres a 33 ans et il est étonnamment sain. Pourquoi le crucifier ? Jeff Filliettaz en prend grand soin. Il en a fait la promesse à madame Vermeulen. Le voilier de son mari va bientôt pétiller sur les eaux.
Jean Bernard
Voilà, une très belle histoire.
» un peu de douceur et de rêve dans notre monde de brutes ».
On ne peut que lui souhaiter
» Bon Vent ».
Bon courage Jeff.
Nous avons stationné quelques jours lorsque vous peignez en jaune la coque. Toujours intéressant de connaître l’histoire des capitaines et du voilier.
Bon vent…
la Péniche avec les panneaux solaires