Blanzy, 6000 habitants et dans quatorze mois un nouveau maire. En mars 2026, Hervé Mazurek laissera sa place de premier magistrat. Il l’a annoncé mercredi soir à l’EVA au cours de la cérémonie des voeux à la population. Des invités qui sont restés sans voix, ne laissant paraître aucune émotion particulière. Autant on peut faire l’économie d’un maire en place depuis deux mandats, autant le buffet, lui, n’attend pas.
Aux premières paroles, le maire encore en place donnait le ton de son allocution : « Hé bah, allez, une année d’plus en moins. On va aller dormir et pis demain on recommence. Je peux vous dire que maire, c’est pas une sinécure ». Une façon légère et volontaire de plagier l’aubergiste de la série Kaamelott.
Mais au bout de quelques minutes, le longues minutes même, d’un discours qui n’en finissait pas _ « aurais-je fini avant les voeux aux personnel du président de la CUCM vendredi midi ? s’interrogeait Hervé Mazurek _ , deux choix s’offraient à lui, annoncer sa candidature aux élections municipales en 2026 ou aviser la population qu’il ne se représenterait pas. Car son allocution portait à confusion. Elle était à double entrée mais « avec une seule sortie » commentait Hervé Mazurek après son annonce.
Il a donc égrainé tout ce que la municipalité avait réalisé, rapidement depuis son premier mandat, avec insistance depuis 2020. Il est toujours bon de raviver la mémoire que beaucoup ont courte. Puis arriva, comme dans un bon roman, l’épilogue.
« Sans nier les difficultés qui nous attendent, avec des événements que nous allons subir comme la fermeture de l’agence de la Caisse d’Epargne, nous devons croire en l’avenir en cette année 2025. En tant qu’élu, je continuerai à oeuvrer avec l’équipe municipale au bien-être des habitants, au bien vivre ensemble, à la promotion du territoire. C’est avec passion et l’envie de toujours faire mieux pour le mieux que je travaillerai chaque jour ».
Ce fut à cet instant que Hervé Mazurek usa d’une métaphore et de son amour pour le football anglais et notamment Liverpool. « Jürgen Klopp, ancien manager emblématique a tiré sa révérence à l’issue de la dernière saison et le passage de témoin est plutôt réussi puisque Liverpool est leader de la Premiere League », ou encore citer Saint-Exupéry, « L’avenir n’est jamais que du présent à mettre en ordre. Tu n’a pas à la prévoir mais à le permettre ».
Ne pas devenir un vieux notable bedonnant
Puis le maire annonçait : « Pour permettre que l’avenir se poursuive dans de bonnes conditions, je vous annonce dès aujourd’hui que je ne serai pas candidat à ma propre succession, l’annoncer permettra à chacun de se positionner ».
A l’image de Didier Deschamps pour rester dans l’image du football, Hervé Mazurek estimait que deux mandats, « c’était la bonne durée » sans compter les six ans en tant qu’adjoint (…). C’est sûrement la décision la plus difficile que j’ai à prendre. Mais je veux éviter le mandat de trop ». Il serait sans doute quelques-uns à lui reprocher de très vite devenir un vieux notable « bedonnant sans ambition pour la commune ».
La fonction de maire est usante et même stressante, alors avant d’être en lévitation dans son bureau, de ne plus être ouvert à la critique, « je ne suis pas sûr d’être en capacité de pouvoir consacrer autant d’énergie à la gestion des affaires municipales à partir de 2026 » avouait le maire. « J’ai toujours la passion pour cette ville et pour mes missions d’élu mais il est important que cette passion ne devienne pas dévorante ».
A partir de ce jeudi 9 janvier 2025, la succession à la mairie de Blanzy est ouverte. Qui prendra la place de Hervé Mazurek ? On a vu combien les élections départementales ont fractionné l’unité du conseil municipal. Les cicatrices ne se sont pas refermées ce qui laisse supposer que de sévères empoignades sont à venir et sans doute, y compris avec le RN qui « à chaque élection arrive en tête sur la commune » a commenté le maire. « Cela m’a d’ailleurs été reproché et on m’en a fait porter publiquement la responsabilité », précisait il encore. « J’ai pris ces résultats comme une sorte de désaveu personnel ». Une des raisons qui a pesé dans sa décision.
Hervé Mazurek qui aime jouer avec les mots, lançait alors, « on peut dire qu’il y a un effet maire sur la ville, mais, à mon sens, il faut que cet effet maire soit le plus éphémère possible ».
Son annonce n’a pas fait véritablement l’effet d’une bombe mais ne restera pas sans effet.
J.B.