À Blanzy, on ne compte plus les fermetures d’agences bancaires. Et pour cause, à ce rythme-là, on finira par croire que la commune a été construite sur un ancien cimetière de distributeurs automatiques.
Cette fois, pas de fermeture d’agence, non, on innove. La Poste a décidé de supprimer son distributeur automatique de billets.
Une nuance subtile, certes, mais qui fera une belle trotte à ceux qui veulent simplement retirer un peu de liquide sans devoir prendre la voiture… et un plein d’essence au passage.
Le maire, Hervé Mazurek, a pris la plume (et sans doute une grande inspiration) pour écrire au délégué territorial du groupe La Poste, Philippe Fetiveau. « Cette décision suscite une vive inquiétude pour l’avenir des services de proximité dans notre commune de 6 000 habitants ».
Traduction libre, on commence à sérieusement en avoir plein la boîte aux lettres.
Lors du conseil municipal de mercredi, Mazurek a enfoncé le clou. « La disparition de ce distributeur ne laisserait qu’un seul point de retrait d’espèces, celui du Crédit Agricole dont la capacité à répondre seul à la demande est objectivement limitée. Pour une ville de notre taille, ce recul est injustifié et inacceptable ».
Et on le comprend. En 2018, sans la mobilisation générale, le Crédit Agricole fermait boutique. En 2024, la Caisse d’Épargne a baissé le rideau. Résultat, après les banques, c’est maintenant le service public postal qui s’éloigne à pas feutrés.
Mais attention, La Poste rassure ! Plus de billets ? Qu’importe, elle vous livre des repas, des médicaments, relève les compteurs, fait passer le code de la route… et bientôt, pourquoi pas, la tonte de pelouse. On ne retire plus d’argent, mais au moins, on garde le sourire.
Le maire, lui, n’a pas vraiment la tête à rire. « En tant qu’établissement public à l’origine, La Poste a une responsabilité sociale et territoriale. Retirer un distributeur à Blanzy reviendrait à ignorer cette mission d’intérêt général », écrit-il encore, en demandant de « reconsidérer cette décision ».
Oui, bon courage. Parce que La Poste, aujourd’hui, c’est un peu comme ses anciens slogans, plein de promesses, mais plus grand-chose derrière la vitre.
Souvenez-vous, en 1990, « Pas de problème, La Poste est là »; en 2021, « La proximité, c’est un métier »; 2025, « Y’a pas écrit La Poste ! »
Au conseil municipal, les langues vont bon train. « On commence par retirer le distributeur et après, on ferme l’agence ».
Ou, pour reprendre un autre vieux slogan postal, « Ce que l’avenir vous promet, La Poste vous l’apporte ».
Sauf qu’à Blanzy, l’avenir, lui, n’a plus de monnaie.
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J.B.
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