Ce vendredi après-midi, en écoutant les vagues de colère traverser la foule des manifestants comme la houle vient mourir sur le sable de la lisse entre mer et dunes et laisser son empreinte, j’ai été frappé par la souffrance après la gifle des membres de la délégation ayant eu l’illusion d’aller rencontrer le directeur de l’ARS à Dijon.
Face à moi il y avait une foule de gens luttant pour leur travail, pour leur idéal de vie, pour le minima de droits que leur accorde le vivre ensemble en société.
Opposée aux grands principes émancipateurs ressassés à l’envi par les gouvernants, la fin de non-recevoir par l’absence du directeur de l’ARS, sonnait le glas des maigres illusions conservées par les personnels médicaux, les retraités, des élus, les bénéficiaires d’un système de santé hérité des luttes sociales.
Et pourtant, ils s’accrochaient tous encore à l’espoir qu’enfin on ne leur mente plus au nom des principes évoqués, des déclarations gouvernementales figées dans ce qui se révèle un faux marbre.
Cela m’a fait souvenir de Jean-Paul Sartre écrivant dans Les mains sales « A quoi ça sert de lutter pour la libération des hommes si on les méprise assez pour leur bourrer le crâne ? »
Quelqu’un, quelque part à bien parlé de révolution ?
Mais, en fait, les mots des uns ne sont pas les réponses aux questions des autres et inversement.
Michel Antony, Michel Prieur et bien d’autres cet après-midi ont stigmatisé la constance du mépris technocratique, cela m’a fait souvenir que si la gauche avait eu sa « bravitude » la droite disposait de la « Méprisance ».
« Je veux apporter des réponses, des réponses qu’on ne comprendra pas dans certains cercles dirigeants, des réponses qu’on va regarder avec cette « méprisance », cette attitude hautaine » signait Nicolas Sarkozy au cœur d’un article sur la «méprisance», dans le parisien du 28 mars 2012. Mais là encore, les mots sont réversibles comme toute pensée, ainsi que mes maîtres Jésuites me l’ont enseigné.
Nous sommes en Bourgogne et le camouflet infligé aux 600 personnes ayant convergé des huit départements de la grande région vers Dijon et aux très nombreux élus présents risque de tourner à l’aigre ou au vinaigre.
Concluons avec les paradis artificiels de Charles Baudelaire :
« Le vin est semblable à l’homme : on ne saura jamais jusqu’à quel point on peut l’estimer et le mépriser, l’aimer et le haïr, ni de combien d’actions sublimes ou de forfaits monstrueux il est capable. »
A méditer…
Gilles DESNOIX