Association Christelle – L’hommage aux enfants assassinés et à Bernard Hommey

Jamais la douleur et le chagrin ne disparaîtront. Vingt-sept ans après le viol et le meurtre de Christelle Blétry, c’était le 28 décembre 1996, ici dans le Bassin minier et plus particulièrement à Blanzy, personne n’oublie ces heures sombres et l’acte odieux d’un homme, Pascal Jardin qui, après deux procès, a définitivement été condamné le 18 octobre 2019, à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une peine de sûreté de 20 ans.

Depuis, chaque année, devant la stèle qui rend hommage aux enfants de l’association Christelle, une très grande émotion traduit un immense sentiment de tristesse chez les membres de l’associations et ces familles qui ont perdu un être cher, un enfant arraché à la vie sans que l’auteur du crime ne soit découvert. D’où l’utilité de l’association qui vient en aide aux familles victimes d’agression criminelle.

Jeudi 28 décembre 2023, sous un ciel gris et pluvieux, l’hommage est encore plus solennelle car celui qui a porté la voix de l’association, son si précieux symbole, Bernard Hommey manquait à l’appel. « Notre très cher ami Bernard a rejoint les enfants, lui qui a combattu corps et âme, jour et nuit pour leur cause, pour l’avènement de la vérité sur les drames qui ont endeuillé leurs familles ad vitam aeternam » souligne Isabelle Jacquet Daviot.

Bernard Hommey a été un grand homme, ami des victimes de l’association Christelle. « Il a été un guerrier pacifique pour la justice et dont la sagesse, l’intelligence et la bonté resteront à jamais gravées dans le coeur et les mémoire de tous » ajoute-t-elle.

C’était aussi un écrivain d’un niveau inestimable, « un poète qui chaque année créait un texte en la mémoire des enfants ou une faconde qu’il servait avec éloquence à l’encontre des pouvoirs judiciaires » rappelle Isabelle Jacquet Daviot.

En sa mémoire, Martine, l’épouse de Bernard Hommey et l’une de ses filles, Emmanuelle, ont lu le dernier texte qu’il avait composé en mai 2023 :

 

10 ans, 20 ans trente ans et plus

Se sont écoulés sans la présence de nos enfants

Que des pervers, psychopathes et dégénérés

Nous ont arrachés.

Conscients de leurs gestes odieux,

Ils savent à ce jour que leur impunité les protège

Et vivent au grand jour sans peur du lendemain.

Quand bien même ils seraient arrêtés par des enquêteurs zélés

Ils savent que leur peine d’emprisonnement ne sera effectuée que pour moitié

Pour dégraisser les effectifs incarcérés et faire suite à leur bonne conduite.

 

Mais dans cette optique d’enquête et de justice

Il faut bien reconnaître qu’enquête et justice

Manquent cruellement d’effectifs, de volonté,

De professionnalisme et d’engagement

A ne voir que le haut de la pile des dossiers

Qu’ils ont à gérer

Sans se soucier que le temps qui passe dans nos dossiers non travaillés,

C’est à eux et eux seuls que nous le devons.

 

Les années s’écoulent sans résultat aucun

Nous faudra-t-il mourir sans connaître la vérité

Et nous soulager de cette haine qui nous ronge

Sans qu’aucun juge d’instruction à nos dossiers ne prête attention ?

 

Et puis à ce triste constat qui nous laisse pantois

Nous pouvons ajouter la grande absence de nos élus nationaux,

S’occuper des vivants est bien,

Avoir en tête le respect et l’aide à apporter aux victimes

Nous semble de bonne facture aussi.

 

Prendre en compte les problèmes des concitoyens de leur circonscription,

M’a toujours donné à penser qu’il s’agissait pour eux d’une vocation

Hélas leur silence assourdissant à nos courriers, nos demandes de rencontres

Restent comme feuille morte, nous questionnent

Et nous font remettre en cause ce vieil adage :

 « les promesses des candidats n’engagent que ceux qui les écoutent ».

 

Voilà ce qui depuis un certain temps me tient réellement à cœur.

Malgré la distance que j’ai prise auprès des membres du bureau

Je tenais à m’exprimer. Je sais que maintenant il ne faut plus compter

Que sur nous Association Christelle afin de poursuivre

Ce combat Ô combien difficile mais obligatoire pour nos familles et nos enfants.

 

Le mot de la fin sera pour eux.

Chaque matin ils s’invitent dans nos cœurs pour toute la journée.

Il n’est pas d’instant que nous partagions sans eux.

Il nous arrive de penser à l’avenir qu’ils auraient dû avoir.

Avoir une famille, des enfants qui grandiraient à leur côté

Et qui perpétueraient la lignée de leurs parents.

 

En pensant fortement à eux laissez-moi vous dire ce dernier adage :

«Seuls nous ne pouvons rien, ensemble nous pouvons tout ».