Il est une figure de Montceau-les-Mines. Le docteur Adnan Seddik, même à la retraite depuis cette année, continue d’oeuvrer au centre hospitalier de Montceau et à Filiéris. « Je sers le pays qui m’a accueilli » dit-il. Il dirige aussi l’association Smile Younited qui mène des actions humanitaires auprès des réfugiés syriens directement dans le pays.
Quarante-cinq ans que Adnan Seddik a quitté la Syrie. Il est né à Alep, la plus grande ville du pays. C’est là aussi où se trouvait l’économie industrielle. Là-bas, il a encore de la famille. « J’ai un frère, une soeur, des nièces et des neveux qui sont à Alep. Ma femme a deux soeurs ».
Le 8 décembre 2024, le docteur a poussé un cri de joie quand il a appris la chute du tyran, Bachar al-Assad. « Vous ne pouvez pas imaginer le bonheur que j’ai ressenti. Je ne pensais pas qu’un jour ça allait arriver. Cet homme était prêt à éliminer sa population. Il a tué un millions de personnes et on compte au moins 250 000 disparus ».
Adnan Seddik a eu un frère qui a été exécuté en 1982 dans la prison de Palmyre où les hommes ont été torturés et tués. « Mon frère était ingénieur, un opposant au régime de Hafez el-Assad, le père de Bachar qui lui a succédé et a pris la fuite pour se réfugier en Russie.
« C’est une délivrance. J’ai craint des affrontements entre les Syriens et l’armée mais les soldats ont rendu les armes » raconte-t-il. Toutefois, il n’est prêt à retourner en Syrie dans l’immédiat même si intérieurement, « je prendrais bien l’avion mais il faut passer par la Turquie. Si je rentre, je ne suis pas sûr de ressortir. Les frontières avec le Liban, la Jordanie et l’Irak sont fermées. Je vais attendre que le pays s’organise. Si je vais en Syrie, c’est pour aider le pays ».
A-t-il des doutes sur les rebelles qui ont renversé Bachar al-Assad et en particulier sur les jihadistes du groupe Hayat Tahrir al-Sham (HTS) emmenés par Abou Mohammed al-Jolani ? « De toute façon, il ne peut pas y avoir pire qu’Assad. Effectivement, on peut craindre des effets indésirables de ces mouvances » estime-t-il. D’ailleurs, 54 soldats en fuite ont été exécutés par le groupe Etat Islamique, selon l’Observatoire des droits de l’homme.
« Mais je pense que les Syriens sont prêts à combattre toutes les dictatures. Al-Jolani a rassuré la population. J’y crois mais je crains aussi. Je ne sais pas. Jusqu’à maintenant, tout se passe bien. Il faut positiver » confesse Adnan Seddik.
Preuve que l’accalmie est palpable, son association Smile You a pu distribuer du pain et des vivres en plein coeur du pays. « Il n’y a plus de barrages militaires » précise le docteur. En revanche, il comprend pas pourquoi Israël bombarde la Syrie.
J.B.